Un homme de Laval qui aurait contracté la listériose après avoir mangé des aliments surgelés achetés chez Costco poursuit le détaillant pour 381 236,75 $. En plus d’avoir été hospitalisé pendant quelques mois, son autonomie, sa dextérité et ses capacités mémorielles sont désormais réduites, affirme-t-il.

Sa conjointe et lui disent avoir acheté un « produit d’alimentation surgelé du fournisseur CRF Frozen Foods/Bybee » au Costco de Laval au début de l’année 2016. La poursuite ne précise pas s’il s’agit de fruits ou de légumes.

À l’époque, le gouvernement américain avait rappelé une quinzaine d’aliments surgelés vendus par le fabricant CRF Frozen Foods. Ce rappel s’est ensuite étendu à 358 produits de 42 marques différentes, dont Bybee, Great Value, McCain, Trader Joe’s et Safeway. Le rappel visait les 50 États américains et de très nombreux détaillants.

Les médias avaient alors parlé de « l’un des plus importants rappels de mémoire d’homme ».

Le Canada a aussi imposé un rappel pour des aliments surgelés par CRF Frozen Foods. Au départ, à la lumière d'informations fournies par les autorités américaines, ce rappel visait uniquement les quatre provinces les plus à l'ouest du pays, donc pas le Québec.

Pas de rappel pour Bybee au Québec

L’ACIA a précisé à La Presse par courriel que son enquête lui a ensuite « permis de déterminer que les produits rappelés aux États-Unis étaient vendus tels quels ou utilisés pour la fabrication d’autres produits distribués dans tout le Canada (dont le Québec) ». Et que cela avait entraîné la publication de 13 autres avis. Mais la liste de ces rappels « connexes » ne contient pas la marque Bybee consommée par le Lavallois qui poursuit Costco.

Or, il s’avère que le rappel visait uniquement les quatre provinces les plus à l’ouest du pays. Le Québec n’a jamais fait partie de la liste des endroits où les consommateurs devaient se méfier, selon les informations disponibles sur le site de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

La demande introductive d’instance déposée au palais de justice de Montréal il y a quelques jours ne précise pas comment Antonio Saraiva et sa conjointe Louise Beaulieu ont pu faire le lien entre le diagnostic de listériose et les aliments congelés achetés chez Costco.

Il est cependant question d’un « appel » reçu d’une « employée » de Costco pour demander au malade « comment il allait », après sa première hospitalisation « d’urgence pour une pneumonie ». Constatant qu’il « n’allait pas bien », elle lui aurait « immédiatement dit de se rendre en urgence à l’hôpital ». Le document ne précise pas comment Costco avait été mis au courant de l’état de son client.

« Atteinte permanente à l'état de santé »

Lors de cette seconde hospitalisation, les médecins auraient constaté « un début de paralysie du côté gauche » et diagnostiqué un « abcès cérébral » ayant « pour origine une intoxication alimentaire à la bactérie Listeria ». Durant l’hospitalisation, M. Saraiva a fait « deux embolies pulmonaires », selon la poursuite.

M. Saraiva a eu son congé de l’hôpital en juillet et a ensuite été pris en charge par une unité de réadaptation neurologique pendant près de deux mois.

Entre-temps, sa conjointe a contacté son employeur pour mettre fin à son contrat de travail « afin d’être au chevet du demandeur », son conjoint, et d’« effectuer une surveillance constante » étant donné sa « perte d’autonomie ».

Le couple affirme que « cet incident a occasionné de nombreuses pertes pécuniaires et non pécuniaires ». Pour la perte de salaire de la conjointe, les déplacements à l’hôpital, le stress, la perte de jouissance de la vie et « l’atteinte permanente à l’état de santé du demandeur », une somme d’environ 380 000 $ est réclamée.

L’avocat du couple n’a pas souhaité répondre à nos questions tandis que Costco n’a pas répondu à notre demande de commentaires.

Samedi dernier, La Presse a rapporté que Costco avait vacciné 9000 de ses clients, précisément au printemps 2016, en raison d'une vague de cas d'hépatite A provoquée cette fois par des fruits surgelés d'une marque montréalaise.

— Avec Louis-Samuel Perron, La Presse