(Paris) Airbus a vu son bénéfice net dégringoler au premier trimestre en raison notamment du gel des exportations d’armes par l’Allemagne à l’Arabie saoudite, qui affecte très lourdement ses comptes.  

Des « ajustements » ont fait fondre le bénéfice net à seulement 40 millions d’euros (un euro = 1,50 $ CAD), 86 % de moins que sur la même période il y a un an, a indiqué mardi l’avionneur.  

Ils comprennent en particulier « un impact négatif de 190 millions d’euros induit par la suspension prolongée des licences d’exportation de matériels de défense à l’Arabie saoudite par le gouvernement allemand », précise-t-il.  

L’avionneur cite également 83 millions d’euros liés à des effets comptables et « un impact négatif de 61 millions d’euros induit par le coût du programme A380 », dont la fin de la production a été annoncée en février.  

Décidé après l’assassinat du journaliste Jamal Kashoggi le 3 octobre, le gel des ventes d’armes à l’Arabie saoudite suscite des crispations avec les principaux alliés de Berlin, en première ligne la France et la Grande-Bretagne.

Le gel allemand est également lié à l’implication de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen qui a fait plus de 10 000 morts depuis 2015.

Des systèmes communs avec la France et le Royaume-Uni sont concernés en raison de la présence de composants allemands.

Airbus est affecté par ce gel dans le cadre d’un contrat pour du matériel de « sécurité frontalière », a précisé le directeur financier du groupe, Dominik Asam, au cours d’une conférence de presse téléphonique.  

« Nous devons maintenant regarder de près ce qui se passe dans l’environnement politique », a-t-il ajouté, précisant qu’il était « trop tôt pour faire un commentaire sur un éventuel impact » sur le contrat.

« Nous devons évaluer la probabilité pour nous de vraiment assurer le contrat exactement tel que convenu » à la signature, a-t-il poursuivi.

L’A380 pèse sur les commandes nettes

Dans ses résultats, l’avionneur rappelle qu’il prévoit de livrer entre 880 et 890 avions commerciaux en 2019 et, sur cette base, maintient ses perspectives d’une hausse du bénéfice opérationnel (Ebit) ajusté d’environ 15 % par rapport à 2018 et d’un flux de trésorerie disponible d’environ 4 milliards d’euros.

Le programme A320, le moyen-courrier vedette de l’avionneur, « est en bonne voie pour atteindre la cadence de production visée de 60 exemplaires par mois à partir de la mi-2019, et 63 en 2021 », précise Airbus.

« La performance du premier trimestre reflète principalement la montée en cadence (de la production) et l’étalement des livraisons d’avions commerciaux », a déclaré Guillaume Faury, président exécutif (CEO) d’Airbus depuis début avril.

« Le marché des avions commerciaux reste robuste et nous continuons d’observer de bonnes perspectives pour les activités Hélicoptères et “Defence and Space” (Défense et Espace). La nouvelle équipe de direction est en place et déterminée à honorer ses engagements », a-t-il ajouté.

Au premier trimestre, l’avionneur indique avoir enregistré 62 commandes brutes d’avions commerciaux, contre 68 pendant la même période en 2018, dont 38 pour l’A350 XWB, le dernier né de ses gros porteurs.

« Le nombre de commandes nettes d’avions commerciaux à-58 […] après 120 annulations résulte essentiellement du ralentissement progressif du programme A380 », ajoute-t-il précisant que le carnet de commandes atteint 7357 avions commerciaux au 31 mars.  

Le 14 février, Airbus avait annoncé la fin de la production de l’A380, son emblématique géant des airs entré en service en 2007, mais boudé par les compagnies aériennes en raison de sa faible rentabilité.  

M. Faury n’a pas fait de commentaires sur la crise traversée par son concurrent américain Boeing, dont toute la flotte de 737 MAX est immobilisée après les tragédies rapprochées d’Ethiopian Airlines et de Lion Air (346 morts au total).

« À ce stade, nous ne constatons pas une détente ou plus de facilité dans la chaîne d’approvisionnement », s’est-il contenté de répondre quand il a été interrogé pendant la conférence de presse.