(Chicago) Les actionnaires de Boeing se retrouvent lundi à Chicago pour leur assemblée générale annuelle pour ce qui est le premier face-à-face avec le PDG Dennis Muilenburg depuis l’immobilisation au sol de la flotte de 737 MAX après deux tragédies rapprochées.

Cette grand messe se tient au musée d’Histoire naturelle où des mesures de sécurité draconiennes ont été prises, selon un communiqué de Boeing. Caméras, enregistreurs et tout équipement électronique sont interdits notamment.

L’AG doit démarrer à 10 h.

M. Muilenburg, 55 ans, dont la gestion de crise est critiquée, devrait insister sur le fait que le constructeur aéronautique travaille sans relâche pour obtenir la levée de l’interdiction de vol frappant le 737 MAX, locomotive de ses ventes.

Il devrait réitérer que Boeing va présenter dans les prochaines semaines aux régulateurs la mise à jour du système anti-décrochage MCAS mis en cause dans l’accident du 737 MAX 8 d’Ethiopian Airlines ayant fait 157 morts le 10 mars et dans celui de Lion Air (189 morts) du 29 octobre dernier.

Mais il lui faudra également répondre à une foule de questions, alors que les compagnies aériennes clientes font part de pertes financières et manque à gagner important du fait d’annulations de milliers de vols programmés sur le 737 MAX.

Si Boeing a estimé à 1 milliard de dollars la première facture de l’immobilisation du 737 MAX, de nombreux experts anticipent un coût final à plusieurs milliards, le groupe devant indemniser les compagnies aériennes et potentiellement les familles de victimes dont certaines ont déjà porté plainte.

Comment Boeing compte redorer son image ternie par cette crise sans précédent ? C’est la question qui devrait revenir le plus lors de cette assemblée générale.

Si aucun grand actionnaire n’a appelé pour l’instant au départ de Dennis Muilenburg, on lui reproche en revanche d’avoir fait pression sur les autorités américaines pour leur implorer de ne pas clouer au sol le 737 MAX, alors que les autres régulateurs à travers le globe avaient pris une telle mesure.

Depuis, le PDG a centralisé la communication de crise à Chicago.

« Il a mal géré les relations publiques au départ mais depuis il s’est repris et la ligne de défense semble bonne », estime Scott Hamilton, expert au cabinet Leeham.

C’est à travers les scores de trois résolutions qu’il faudra juger la confiance des actionnaires en M. Muilenburg, qui a passé sa carrière dans la division défense (BDS) de Boeing avant d’être promu numéro 2 en décembre 2013 et grand patron le 1er juillet 2015.

Une des résolutions demande à Boeing de révéler ses actions de lobbying, tandis qu’une autre appelle à retenir des stock-options des dirigeants.

Celle qui sera la plus surveillée requiert la séparation entre les fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général.  

M. Muilenburg porte actuellement les deux casquettes.