Après avoir vu Bombardier sabrer ses prévisions de revenus et de bénéfices pour l’exercice, certains analystes s’interrogent sur la crédibilité de l’entreprise, qui tente de compléter son plan de redressement de cinq ans.

Citant entre autres des problèmes de production au sein de sa division ferroviaire, la multinationale a indiqué jeudi s’attendre à générer des revenus de 17 milliards US en 2019, soit 1 milliard US de moins que prévu.

Sur le parquet de la Bourse de Toronto, le titre de Bombardier a piqué du nez, abandonnant 25 % en début de séance. L’action a finalement clôturé à 2,48 $, en baisse de 44 cents, ou 15,07 %.

Le manque à gagner est principalement du côté de la division de matériel roulant, où les recettes devraient être inférieures d’environ 750 millions US en raison de délais et d’un ralentissement de la cadence de production pour certains contrats d’envergure.

« Nous avons eu un premier trimestre plus faible en raison du calendrier de livraisons d’avions, des taux de change défavorables et de l’accélération moins rapide que prévu de projets chez (Bombardier) Transport », a souligné le président et chef de la direction de l’entreprise, Alain Bellemare, par voie de communiqué.

Surprise

Néanmoins, Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que la nouvelle venait affecter la crédibilité du plan de redressement. Selon l’analyste, il s’agit d’un « autre pas en arrière » depuis l’automne dernier, dans la foulée de résultats décevants au troisième trimestre où des retards chez Bombardier Transport avaient plombé les liquidités de la société.

Dans une note, M. Spracklin s’est montré surpris de voir Bombardier abaisser aussi rapidement ses prévisions — à peine quatre mois après la journée des investisseurs du 6 décembre.

« Nous croyons que cela amplifie l’incertitude et la prévisibilité entourant les activités de l’entreprise », a-t-il écrit.

Depuis qu’il a pris les commandes de Bombardier en 2015, M. Bellemare a déployé un plan de redressement qui doit s’échelonner jusqu’à la fin de 2020 pour permettre à l’entreprise d’afficher notamment un chiffre d’affaires de 20 milliards US et au moins 750 millions US en flux de trésorerie.

Le communiqué publié jeudi par le constructeur d’avions et de trains ne fait aucune mention des objectifs de l’an prochain, mais par courriel, l’entreprise a indiqué ne pas avoir « d’autres ajustements » à annoncer.

Qualifiant la nouvelle de « négative », Benoit Poirier, de Desjardins marchés des capitaux, a également soulevé, dans une note, des questions concernant le plan quinquennal qui devrait se terminer l’année prochaine.

« Du point de vue des investisseurs, nous anticipons une réaction négative car nous croyons que ceux-ci vont remettre en question les prévisions (des flux de trésorerie) pour 2019 ainsi que les objectifs de 2020 », a souligné l’analyste.

Des retards et d’autres problèmes ont plombé la performance de Bombardier Transport, la division qui génère le plus de revenus, au cours des derniers mois.

En février, la multinationale avait décidé de procéder à un changement au sein de sa division ferroviaire en confiant les commandes à Danny Di Perna, qui a remplacé Laurent Troger, qui était en poste depuis décembre 2015.

« Nous continuons de croire que ces défis seront en grande partie réglés cette année et demeurons confiants quant à l’amélioration des marges et des flux de trésorerie en 2020 », a tempéré Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale.

D’autres baisses

En ce qui a trait aux profits pour 2019, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements devrait osciller entre 1,5 milliard US et 1,65 milliard US, par rapport à la fourchette précédente variant entre 1,65 milliard US et 1,8 milliard US.

Si les prévisions demeurent inchangées du côté des avions d’affaires pour 2019, les recettes devraient fléchir de 250 millions US du côté des avions commerciaux, où il y aura moins de livraisons dans la foulée de la vente plus rapide du programme d’avions à hélices Q400 à Viking Air.

Bombardier dévoilera ses résultats du premier trimestre le 2 mai, avant son rendez-vous annuel. La société anticipe des revenus d’environ 3,5 milliards US, ce qui est inférieur à la prévision de 4,03 milliards US des analystes sondés par Thomson Reuters Eikon.