Moins d’un an après l’officialisation du mariage entre le Groupe Jean Coutu et Metro, François Coutu cessera de diriger les activités de la chaîne de pharmacies à compter du 31 mai et quittera pour la retraite.

S’il demeurera au sein du conseil d’administration de l’épicier québécois, le pharmacien âgé de 64 ans cédera sa place à Alain Champagne à la tête de la division pharmacie, qui contrôle d’autres enseignes comme Brunet.

M. Champagne, dont la nomination a été annoncée mercredi, a œuvré à la fois dans le secteur alimentaire et pharmaceutique dans le cadre de passages chez PepsiCo et McKesson Canada, où il a été aux commandes pendant plus de deux ans.

« Le moment (de la retraite de M. Coutu) a été déterminé l’an dernier afin d’assurer une transition en douceur », a expliqué le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, au cours d’une conférence téléphonique visant à commenter les résultats du deuxième trimestre, où la chaîne d’alimentation a affiché une croissance des profits et revenus.

Annoncé à l’automne 2017, le mariage de 4,5 milliards entre ces deux fleurons québécois avait été officialisé le 11 mai 2018.

M. Coutu n’était pas disponible pour accorder des entrevues, mais par voie de communiqué, il a souligné que le regroupement avec Metro était « bien engagé » pour « assurer la pérennité » de la chaîne de pharmacies.

Après avoir effectué son entrée en 1983 au sein de la compagnie fondée par son père, M. Coutu était président et chef de la direction depuis 2007.

Dans une note envoyée par courriel, l’analyste Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, a indiqué que l’annonce du départ du pharmacien était « largement attendue » dans la foulée de l’acquisition réalisée par Metro.

Des prix qui montent

Quant à sa performance trimestrielle, la chaîne de supermarchés a affiché une croissance de ses ventes dans un contexte où le prix des fruits et légumes a bondi — ce qui devrait se stabiliser alors que la saison estivale approche.

« Normalement, nous devrions nous attendre à ce que l’inflation se stabilise au fur et à mesure que nous achetons plus localement, mais nous n’en sommes pas encore là, surtout avec l’hiver qui s’est étiré », a expliqué M. La Flèche.

L’inflation du panier alimentaire a été d’environ 2,5 % au cours de la période de 12 semaines terminée le 16 mars, alors que les ventes des établissements ouverts depuis au moins un an — un indicateur clé dans le secteur du commerce de détail — ont progressé de 4,3 %.

Selon les données publiées mercredi par Statistique Canada, les Canadiens ont payé 15,7 % de plus pour les légumes frais et 8,6 % de plus pour les fruits frais le mois dernier par rapport à mars 2018.

M. La Flèche a estimé que l’inflation devrait osciller aux alentours de 2 % pour le reste de l’année, en ce qui a trait aux produits frais.

« Mais nous n’avons pas une boule de cristal », a rappelé le dirigeant de Metro.

Celui-ci a indiqué qu’il y avait des signes d’inflation du côté des prix de la viande, évoquant les problèmes de production de viande de porc en Chine dans la foulée d’une épidémie de peste porcine dans la population de porcs en Afrique.

En hausse

Au deuxième trimestre, Metro a engrangé un bénéfice net de 121,5 millions, ou 47 cents par action, par rapport à 106,9 millions, ou 47 cents par action, il y a un an.

De leur côté, les ventes sont passées de 2,9 milliards à 3,7 milliards. En excluant la contribution de Jean Coutu, le chiffre d’affaires a grimpé de 4 % par rapport au deuxième trimestre de l’an dernier. Abstraction faite des éléments non récurrents, le profit ajusté par action s’est établi à 60 cents, en hausse de 28 % sur un an.

Les analystes sondés par Thomson Reuters Eikon tablaient sur un bénéfice ajusté par action de 63 cents et sur des revenus de 3,73 milliards.

À la Bourse de Toronto, l’action de Metro a clôturé à 49,65 $, en recul de 73 cents, ou 1,45 %.