La plus grande ligne aérienne du Canada a suspendu ses prévisions financières pour l'exercice en cours à la suite de la décision des autorités de réglementation du Canada et des États-Unis de forcer le maintien au sol de l'avion Boeing 737 Max jusqu'à nouvel ordre.

Air Canada a déclaré vendredi que, « compte tenu de l'incertitude actuelle », elle suspendait les prévisions qu'elle avait fournies le mois dernier pour son exercice 2019. Ses prévisions optimistes pour les exercices 2020 et 2021 restent cependant en place.

L'analyste David Ocampo, de Cormark Securities, a noté que l'interdiction sur le Max 8 porterait « un coup significatif » à court terme, et qu'« ils ne savent pas nécessairement combien de temps cette interdiction durera ».

Les avions Max 8, que les autorités d'aviation du monde entier ont immobilisés dans la foulée de l'écrasement mortel d'un vol d'Ethiopian Airlines, représentent environ 10 % de la flotte principale de 243 appareils exploités par Air Canada et de sa filiale à bas prix, Rouge - soit 24 avions.

La ligne aérienne montréalaise peut retarder la mise hors service ou l'entretien prévu d'autres avions, mais des appareils plus anciens, comme l'Airbus A320, consomment davantage de carburant et d'autres ne peuvent pas retarder très longtemps leurs visites aux hangars pour maintenance, ce qui réduira encore davantage la capacité du transporteur.

Vendredi, Air Canada a tenté de rassurer les investisseurs en conservant ses prévisions pour les exercices 2020 et 2021 en ce qui a trait à la marge annuelle du bénéfice avant intérêts, impôts, dotation aux amortissements et aux pertes de valeur (BAIIA), au rendement du capital investi et aux flux de trésorerie disponibles.

Le transporteur a prédit, le 28 février, que ses marges du BAIIA seraient comprises entre 19 % et 22 % jusqu'en 2021, ce qui est supérieur à la prévision de 17,5 % des experts, selon l'analyste Doug Taylor, de Canaccord Genuity.

Air Canada avait également déclaré s'attendre à des flux de trésorerie disponibles d'entre 4,0 milliards et 4,5 milliards de 2019 à 2021, dépassant ainsi les prévisions antérieures, qui s'établissaient entre 2 milliards et 3 milliards.

Mise à jour logicielle

L'analyste Walter Spracklin, de RBC Dominion Valeurs mobilières, a conseillé aux investisseurs de ne pas s'inquiéter.

« Nous pensons que la société dispose de moyens pour contourner le maintien au sol, notamment en utilisant plus longtemps des avions plus anciens, en accédant à des aéronefs de tierces parties, en utilisant temporairement des aéronefs à gabarit différent et, si nécessaire, en suspendant temporairement certains vols », a-t-il écrit dans une note de recherche.

M. Spracklin a observé que la suspension du transporteur « ne survenait pas de façon inattendue et, ce qui est plus important encore, nous ne pensons pas qu'elle ait une incidence sur notre vision à long terme des actions ».

Les autorités réglementaires du monde entier ont cloué au sol les Boeing 737 Max 8 et Max 9 pour des raisons de sécurité dans la foulée de l'écrasement d'un vol d'Ethiopian Airlines, qui a coûté la vie aux 157 personnes à bord, dont 18 Canadiens.

Certains ont tracé un parallèle entre l'accident de dimanche et un autre survenu en Indonésie le 29 octobre dernier, lorsque le même type d'appareil avait plongé dans la mer de Java, tuant les 189 personnes à bord.

La Federal Aviation Authority des États-Unis a demandé à Boeing de mettre à jour d'ici avril le logiciel sur plus de 375 appareils Max 8 actuellement hors service dans le monde. Le coût de cette opération reviendra probablement au constructeur, a observé M. Ocampo.

Une porte-parole d'Air Canada a écrit dans un courriel qu'il était « trop tôt pour dire » à quel montant s'élèverait le coût de cette mise à jour logicielle pour l'une ou l'autre des entreprises.

Ce n'est pas la première fois que Boeing est confronté à une interdiction de vol. En 2013, les autorités réglementaires du monde entier ont cloué au sol leurs 787 Dreamliners en raison de problèmes de sécurité liés aux batteries lithium-ion de l'avion de ligne. La compagnie a dû verser un montant non divulgué aux compagnies aériennes.

« Ils paient pour les retards dans la livraison des avions, alors j'imagine qu'il y a une sorte d'indemnité pour le maintien au sol de la flotte », a estimé M. Ocampo, au sujet d'une éventuelle indemnité pour le Max 8.

Air Canada et WestJet Airlines ont refusé de révéler ces détails de l'accord de service aux analystes, a-t-il indiqué.

Ensemble, les compagnies aériennes ont annulé plus de deux dizaines de vols jeudi, affectant environ 12 000 passagers en vacances de printemps. Les lignes s'efforçaient de réorganiser les horaires des vols des trois prochaines semaines.

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