General Electric (GE) a annoncé jeudi être parvenu à un accord comprenant une amende de 1,5 milliard de dollars avec les autorités américaines, qui accusaient une filiale d'avoir accordé à des ménages fragiles des crédits « subprimes » à l'origine de la crise financière de 2008.

L'ancien conglomérat industriel solde ainsi l'un des plus gros litiges hérités de son aventure dans le secteur financier.

« Nous avons conclu un accord de principe avec le ministère américain de la Justice » (DoJ) pour solder une enquête contre la société de prêts hypothécaires WMC, a déclaré le PDG Larry Culp, lors d'une conférence téléphonique.

Cet accord comprend le versement d'une amende de 1,5 milliard de dollars, a précisé le groupe dans un communiqué, un montant bien anticipé par GE, qui avait déjà inscrit une charge de 1,5 milliard dans ses comptes du premier trimestre 2018 en vue d'un compromis.

WMC avait été rachetée en 2004 par GE Capital Corp, le bras financier de GE, et avait été revendue trois ans plus tard après de premiers signaux de la crise des « subprimes ».

Le DoJ l'accusait d'avoir violé les lois fédérales en octroyant en 2006 et 2007 des prêts toxiques à des ménages américains peu solvables.

WMC, qui a songé récemment à déposer le bilan, fait encore face à de nombreux recours judiciaires introduits par les particuliers. Ces derniers lui réclament 3,4 milliards de dollars au total.

L'action flambe

À Wall Street, l'action GE a bondi de 11,43 % à 10,14 dollars, les investisseurs semblant soulagés de voir que le groupe allait désormais se concentrer sur sa relance.

À l'origine de nombreuses inventions-la lampe à fluorescence, la transmission radio, le réfrigérateur, le silicone, le réacteur d'avion, le pilotage automatique des avions ou le réacteur nucléaire civil-GE est devenu l'ombre du mastodonte ayant dominé l'industrie mondiale pendant des années.

Le groupe a pâti notamment de mauvais paris dans les énergies fossiles-en particulier le rachat pour 15 milliards du pôle énergie d'Alstom-et d'erreurs de management.  

La division énergie ne montre toujours pas de signe de stabilisation. Elle a vu son chiffre d'affaires plonger de 25 % au quatrième trimestre 2018 et enregistré une perte opérationnelle de 872 millions, ce qui a complètement absorbé une partie des bénéfices de l'aéronautique - moteurs d'avions dont le réacteur de nouvelle génération LEAP - .

« Stabiliser la branche énergie va prendre du temps mais nous faisons des progrès », a assuré M. Culp, nommé PDG en octobre dernier.

Pour son premier trimestre aux commandes, le groupe est repassé dans le vert, enregistrant un résultat net de 574 millions de dollars, contre une perte de 11 milliards au 4 T 2017.  

Par action et hors éléments exceptionnels, référence en Amérique du Nord, le bénéfice est de 17 cents, contre 22 cents attendus en moyenne par les analystes.  

Le chiffre d'affaires de 33,28 milliards de dollars, en hausse de 5,3 % sur un an, est lui supérieur aux 32,59 milliards escomptés.

Ces résultats en demi-teinte clôturent une année 2018 noire pour le groupe né il y a 127 ans.

Dès le début de l'année, il a dû inscrire une charge de 11 milliards de dollars dans ses comptes pour des erreurs comptables, actuellement dans la ligne de mire des autorités américaines.

GE a ensuite enchaîné les humiliations : il a été éjecté de l'indice boursier vedette Dow Jones, sa note de solvabilité financière a été reléguée un cran seulement au-dessus de celle accordée aux entreprises au bord de la faillite, le dividende a été réduit à la portion congrue (1 cent), tandis qu'une rupture des aubes affecte ses toutes nouvelles turbines à gaz.

« Nous avons encore beaucoup de travail à faire. L'entreprise est en train de se renforcer », a tenté jeudi de rassurer Larry Culp.

Mais comme ses prédécesseurs, il est resté flou sur l'avenir, promettant de réduire la dette colossale de l'entreprise, de regagner la confiance des agences de notation et de restaurer le dividende, sans toutefois donner de calendrier.

Il a promis d'annoncer « bientôt » les objectifs financiers 2019 et n'a pas évoqué les rumeurs sur la possible vente de GE Capital Aviation Services (GECAS), la filiale spécialisée dans le financement d'avions, qui permettrait d'alléger le bilan.