Après une année difficile sur le plan des profits, Agropur réduit les ristournes : les membres se partageront 30 millions cette année, contre 65 millions en 2017 puis en 2018.

Par ailleurs, les ristournes seront entièrement versées en parts de placement de la coopérative, selon un rapport déposé sur son site internet. Dans les années précédentes, 25 % des ristournes étaient plutôt versées au comptant à chacun des quelque 3160 producteurs laitiers de la coop.

De 2010 à 2013, les ristournes dépassaient les 100 millions de dollars chez Agropur. Elles avaient chuté à 40 millions en 2015, avant de remonter au-delà des 60 millions.

Les appels de La Presse chez Agropur sont restés sans réponse hier. 

Pour sa part, Guillaume Nadeau, producteur laitier à Coaticook, n’est pas surpris par cette baisse de ristournes. Selon lui, verser des ristournes n’est pas prioritaire si l’entreprise fait moins d’argent. « C’est une belle manière de calmer les producteurs. »

« Ça fait trois ans que les pourcentages de bénéfices baissent tout le temps, ajoute-t-il. Ce n’est pas ça [les ristournes], le but premier de la coopérative. Si on fait un gros move, qu’on achète une usine et qu’on décide de ne pas donner de ristournes, c’est correct aussi. C’est un peu comme un projet de société. Ce n’est pas ça [les ristournes] qui fait une grosse différence sur une ferme. Si c’est ça qui fait que tu arrives ou que tu n’arrives pas, le problème est ailleurs. »

Profits en baisse

Agropur a enregistré un excédent net de 40,2 millions pour son année financière terminée le 2 novembre 2019. C’est une baisse de plus de 40 % par rapport à 2018.

Au quatrième trimestre, le chiffre d’affaires a augmenté de 140,1 millions (7,8 %) par rapport au même trimestre en 2018, mais l’excédent d’exploitation a connu un recul de 14,8 %, à 93,1 millions. 

« Cette baisse s’explique essentiellement par une marge bénéficiaire en baisse au Canada due à des problèmes opérationnels et à l’environnement commercial compétitif », note le chef de la direction de la coopérative, Émile Cordeau, dans le rapport qu’il signe.

Le rapport concerne la période de 13 semaines se terminant le 2 novembre 2019, mais le comparatif est établi avec une période de 14 semaines en 2018. En excluant cette semaine supplémentaire de la comparaison, la diminution de l’excédent est évaluée à 7,9 %.

L’excédent d’exploitation s’est cependant légèrement amélioré sur l’ensemble de l’année, à 365 millions. 

Une transformation à poursuivre

Dans le rapport, M. Cordeau revient également sur les nombreux changements qui ont marqué la coopérative au cours des derniers mois. Cet automne, Agropur a annoncé le départ à la retraite de son chef de la direction, Robert Coallier. Quelques semaines plus tard, six vice-présidents se sont fait montrer la porte. Tout porte à croire que cette transformation n’est pas terminée. 

« Les premières étapes ont été de revoir la composition de notre équipe de direction et de mettre en place un programme de transformation, lit-on dans le rapport. Nous amorçons un plan de transformation de nos activités canadiennes, une étape essentielle à la croissance rentable et durable d’Agropur. Les changements amorcés au cours du dernier trimestre se poursuivront donc en 2020 et pour les années à venir. »

L’entreprise semble également déterminée à continuer à investir du côté américain, que ce soit pour stimuler la croissance interne ou pour procéder à des acquisitions. 

Au Québec, Agropur a annoncé en octobre la fermeture de son usine de crème glacée à Lachute ainsi que la fin des activités de son installation de Saint-Damase, où l’entreprise produit du fromage de chèvre, touchant au total près de 300 employés. Plus tard en novembre, la coopérative a décidé de rationaliser ses activités. Près de 125 cadres perdent leur emploi, dont une cinquantaine au siège social de l’arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil.