Boeing a évincé le chef de la direction Dennis Muilenburg, lundi, sans aucune fin en vue de la crise qui a fortement écorché le constructeur américain depuis les écrasements de deux de ses 737 Max.

Le conseil d’administration de Boeing avait soutenu M. Muilenburg pendant des mois malgré les appels à sa démission de la part de législateurs et de proches des passagers tués. Quand il est devenu clair ces derniers jours que les régulateurs fédéraux ne certifieraient pas le Max pour voler à nouveau d’ici la fin de l’année comme l’avait espéré M. Muilenburg, le conseil l’a finalement abandonné.

Les membres du conseil d’administration ont décidé de le retirer de ses fonctions en discutant en conférence téléphonique dimanche, selon une personne au fait de la situation qui a discuté des délibérations privées sous couvert de l’anonymat.

Les 737 Max ont été cloués au sol partout dans le monde en mars, dans la foulée de deux écrasements mortels survenus en cinq mois, en Indonésie et en Éthiopie, qui ont fait un total de 346 morts, dont 18 Canadiens.

Le conseil d’administration de l’entreprise a déclaré lundi que Dennis Muilenburg se retirait immédiatement. Le président actuel du conseil, David Calhoun, deviendra président et chef de la direction le 13 janvier.

Le conseil d’administration a déclaré qu’un changement de direction était nécessaire pour restaurer la confiance dans l’entreprise alors qu’elle s’efforce de rétablir les relations avec les régulateurs et ses actionnaires.

« Sans vouloir faire de jeu de mots, je crois que c’était écrit dans le ciel, dans la mesure où il n’y a rien qui va chez Boeing. Il y a la crise majeure de ce 737 Max, une crise pour laquelle on n’a pas de solution. On est vraiment dans le néant », a affirmé en entrevue Mehran Ebrahimi, professeur agrégé au Département de management et technologie à l’ESG-UQAM et directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile.

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Boeing a déclaré la semaine dernière qu’elle suspendait la production du 737 Max en janvier.

M. Ebrahimi souligne que les compagnies aériennes qui vendent de ces appareils demeurent « dans le flou ». Même avec une mise à jour de logiciel et d’autres correctifs de la part de Boeing, il se demande si ces avions pourront voler étant donné qu’il y a des « problèmes de conception graves », rappelant les inquiétudes manifestées notamment par l’association des pilotes et celle du personnel de bord face à la reprise des activités de l’avion.

David Calhoun a déclaré qu’il croit fermement en l’avenir de Boeing et du 737 Max.

Lawrence Kellner, membre du conseil d’administration, deviendra président non exécutif du conseil d’administration.

« Au nom de l’ensemble du conseil d’administration, je suis heureux que Dave ait accepté de diriger Boeing à ce stade critique », a indiqué M. Kellner dans une déclaration préparée.

« Dave possède une expérience approfondie de l’industrie et une expérience avérée de leadership solide, et il reconnaît les défis auxquels nous devons faire face. Le conseil d’administration et moi-même avons hâte de travailler avec lui et le reste de l’équipe Boeing pour faire en sorte qu’aujourd’hui marque une nouvelle voie pour notre société. »

Boeing a déclaré la semaine dernière qu’elle suspendait la production du 737 Max en janvier.