La réélection de Guy Cormier pour un second mandat à la présidence du Mouvement Desjardins, annoncée par acclamation au début de la semaine, s’est finalement produite après le rejet d’au moins une candidature concurrente, a appris La Presse.

Cette candidature a été déposée trois jours plus tôt auprès du comité d’élection, qui avait envoyé des documents de mise en candidature à « plusieurs personnes » qui en avaient fait la demande, selon les informations obtenues auprès de Desjardins.

Même conforme aux règles de base du processus électoral de Desjardins, cette candidature soumise par un Montréalais a finalement été écartée par le comité d’élection pour des motifs de discordance avec les « fondamentaux » du profil de président. Explications.

Que sait-on de cette candidature ? Était-ce la seule ?

Sous prétexte du « caractère privé » de son processus électoral, Desjardins refuse de confirmer le nombre et la nature des candidatures qu’elle aurait reçues et examinées avant d’annoncer la réélection par acclamation du président Guy Cormier.

Le candidat refusé, qui tient maintenant à préserver sa confidentialité puisque que le processus électoral est terminé, se décrit comme un administrateur d’expérience dans le système de la santé, ainsi que membre de longue tradition familiale du réseau des caisses populaires.

« En déposant ma candidature, je me doutais bien que j’avais peu de chances d’être élu en fin de compte, a confié ce candidat rejeté, lors d’une conversation avec La Presse. Néanmoins, je souhaitais susciter un débat sur la pertinence de confier un second mandat au président Guy Cormier, au lieu qu’il soit réélu par acclamation et sans opposition. »

Pourquoi cette candidature a-t-elle été rejetée ?

Dans une lettre signée par la présidente du comité d’élection, et datée du jour de l’annonce de la réélection de Guy Cormier, on explique au candidat rejeté que « bien que vous attestiez remplir les conditions d’éligibilité de base, votre candidature ne rencontre pas les fondamentaux du profil de cette fonction pour une institution financière de classe mondiale comme le Mouvement Desjardins ».

« Par conséquent, le comité d’élection a recommandé au conseil d’administration [du Mouvement Desjardins] de ne pas donner suite à votre candidature, ce qu’il a fait lors d’une réunion spéciale tenue sans la présence du président et chef de la direction sortant de charge [Guy Cormier]. »

Qu’entend-on par « les fondamentaux du profil de cette fonction » ?

Pour l’essentiel, lit-on dans la lettre de rejet de la candidature, cette fonction de président requiert « une connaissance approfondie de l’industrie des services financiers et la capacité à assurer la direction d’une entreprise de grande envergure de plus de 45 000 employés répartis dans plusieurs provinces canadiennes ».

Par ailleurs, dans les documents de soumission de candidature, celui relatif au « Profil du poste de président et chef de la direction du Mouvement Desjardins » compte huit pages de description très détaillée de la formation, de l’expérience et des compétences requises pour ce poste.

« Ce profil du poste de président chez Desjardins a été élaboré en fonction des normes de compétences minimales établies par l’Autorité des marchés financiers [premier régulateur chez Desjardins], qui sont plus sévères depuis que Desjardins a été déclarée “institution financière d’importance systémique” au Canada », a expliqué à La Presse Pauline d’Ambroise, secrétaire générale et vice-présidente à la gouvernance au Mouvement Desjardins.

Quel est le rôle du comité électoral ?

Il faut savoir que le comité d’élection a été formé à l’approche de la fin du mandat de quatre ans du PDG. Il est composé de cinq administrateurs de caisses populaires qui ne sont pas membres du conseil d’administration de la Fédération des caisses.

En tant que premier gestionnaire du processus électoral, ce comité fait l’examen de la qualification des candidatures reçues, avec l’assistance obligatoire de conseillers indépendants en dotation de hauts dirigeants.

Ensuite, le comité soumet les candidatures qu’il estime qualifiées à l’approbation du conseil d’administration du Mouvement Desjardins. Ces discussions ont lieu en l’absence du président du conseil et chef de la direction du Mouvement.

Si une deuxième candidature avait été retenue, comment se serait déroulé le processus électoral ?

Après le feu vert du conseil, s’amorce alors une campagne électorale. Cette campagne, qui est soumise à des règles très strictes, vise surtout à gagner des votes parmi les membres du collège électoral qui est convoqué spécialement lors d’élections à la présidence. Depuis les récentes réformes législatives touchant Desjardins, ce collège électoral est constitué d’un administrateur délégué par chaque caisse populaire.

Dans la situation courante, s’il y avait eu élection, on indique chez Desjardins que ce collège électoral aurait compté 240 membres votants. Ce vote aurait été conclu lors des prochaines assemblées annuelles de Desjardins, convoquées à Québec le 28 mars prochain.