(Montréal) La grève de huit jours des quelque 3200 chefs de train et ouvriers ayant essentiellement paralysé la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) l’oblige à abaisser ses prévisions de profits pour l’exercice.

Cette annonce, effectuée mardi, survient alors que le plus important transporteur ferroviaire au pays dit poursuivre ses efforts pour rattraper les retards accumulés dans les livraisons de propane et de céréales en raison du débrayage.

« Nous aurons sans doute besoin d’un certain temps, et la réussite de notre plan reste liée aux conditions météo, mais nous sommes heureux de la façon dont les choses se passent », a souligné le président-directeur général du CN, Jean-Jacques Ruest, dans un communiqué.

Malgré les retards, l’entreprise établie à Montréal ira de l’avant avec les compressions annoncées le mois dernier – environ 1600 mises à pied, attribuées à un affaiblissement de l’économie nord-américaine.

Le CN dit vouloir « se concentrer sur le réalignement de ses ressources, incluant son personnel », afin de poursuivre ses efforts de réduction des coûts entrepris avant la grève.

En raison du débrayage, la compagnie ferroviaire ne fonctionnait qu’à 10 % de sa capacité. Les livraisons de maïs et de canola ont été stoppées. Entreposées dans des silos en attendant la reprise des livraisons, les céréales ont réduit l’espace de stockage des agriculteurs, ce qui les a empêchés de progresser dans leurs récoltes.

Au Québec, les agriculteurs ont été confrontés à un double problème : une interruption des livraisons et une pénurie de propane – utilisé par les producteurs céréaliers pour faire sécher leurs récoltes et vendre leurs grains et par les éleveurs pour chauffer, par exemple, des poulaillers.

Pour l’exercice, le CN table désormais sur une légère croissance de son bénéfice ajusté par action alors que sa prévision précédente faisait état d’une hausse pouvant atteindre jusqu’à 10 %. Selon la société, l’impact de la grève sur son bénéfice ajusté par action sera de 15 cents.

« En supposant que la nouvelle fourchette représente une croissance oscillant entre deux et 6 %, cela suggère un bénéfice ajusté par action variant entre 5,61 $ et 5,83 $ », a souligné Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, dans une note, précisant que le consensus avant la grève était de 5,97 $ par action. L’analyste n’était par ailleurs pas étonné de la révision à la baisse annoncée par le transporteur.

Entre-temps, le Canadien Pacifique, principal rival du CN, a fait savoir qu’il avait transporté en novembre la plus importante quantité de céréales de ses 138 années d’existence. L’entreprise a fait savoir, lundi, qu’elle avait acheminé 2,74 millions de tonnes de céréales, soit 3 % de plus que son record d’octobre.

Le CN et Teamsters Canada ont conclu, mardi de la semaine dernière, une entente de principe au sujet du renouvellement de la convention collective, mettant ainsi fin à la plus longue grève du secteur ferroviaire depuis 2012. Le conflit a forcé l’interruption des expéditions, entraîné des mises à pied et perturbé diverses industries partout au pays.

Les travailleurs, sans contrat depuis le 23 juillet, se disaient préoccupés par les longues heures de travail, les enjeux entourant la fatigue et ce qu’ils considèrent être des conditions de travail dangereuses. Le CN affirmait de son côté que la mésentente tournait davantage autour des salaires. La ratification de l’entente intervenue entre les deux parties est attendue d’ici huit semaines.

À la Bourse de Toronto, le titre du CN a clôturé à 117,15 $, en recul de 2,60 $, ou 2,17 %.