(Washington) Le cigarettier Altria a annoncé jeudi qu’il dépréciait d’un tiers – 4,5 milliards de dollars US – son investissement dans Juul, une jeune entreprise qui a conquis les trois quarts du marché de la cigarette électronique aux États-Unis en quelques années.

La charge liée à la dépréciation a été comptabilisée au troisième trimestre.  

« Il n’y a pas de raison ou d’événement unique ayant mené à la dépréciation », explique Altria, citant la forte probabilité que les autorités fédérales interdisent les « jus » parfumés, dans le sillage d’interdictions partielles ou totales du vapotage dans certaines villes ou États fédérés.

Fin 2018, le géant américain du tabac avait créé la surprise en annonçant qu’il investissait 13 milliards de dollars dans la jeune entreprise de San Francisco.

Ses cigarettes électroniques épurées qui ressemblent à une clé USB allongée ont séduit le public et en particulier les lycéens, grâce à une offre de « jus » parfumés particulièrement attrayante.  

Mais cette « épidémie » dans les cours de récréation a aussi attiré l’attention des autorités et des élus sur Juul, qui se présente comme une alternative moins nocive à la cigarette classique pour les fumeurs. L’entreprise a multiplié les initiatives pour empêcher que les jeunes de moins de 21 ans ne puissent acheter ses cartouches de nicotine.

Le 17 octobre, Juul Labs avait annoncé la suspension des ventes de recharges aromatisées non mentholées aux États-Unis, alors que le gouvernement de Donald Trump en prépare l’interdiction nationale.

Une mystérieuse épidémie de maladies pulmonaires sévères liées au vapotage, qui a fait plusieurs dizaines de morts aux États-Unis depuis le printemps, est venue ajouter aux difficultés de Juul.

Toutefois, dans 78 % des cas, les malades avaient vapoté des recharges au THC, l’agent psychoactif du cannabis, souvent achetées à des revendeurs et fabriquées en dehors de tout cadre réglementaire.