(Montréal) Air Canada a l’intention d’embaucher 350 pilotes l’an prochain, en prévision de la reprise du service de ses avions Boeing 737 Max, dont l’interdiction de vol continue de peser sur la plus grande ligne aérienne du pays.

Le chef de la direction du transporteur, Calin Rovinescu, a souligné qu’il faudrait peut-être attendre jusqu’à un an après la levée de l’interdiction de vol avant de pouvoir profiter de la mise en service des 50 avions de ligne Max, soit vers la mi-2020.

« C’est un processus qui sera effectivement progressif. Cela ne se fait pas du jour au lendemain », a-t-il expliqué.

M. Rovinescu a évoqué mardi de « graves perturbations visant nos activités, notre structure de coûts et notre rentabilité », attribuables à l’immobilisation au sol, depuis maintenant huit mois, des 24 avions Max de sa flotte et de 12 autres avions qui devaient être livrés à la mi-2019.

« Le retrait de 36 avions 737 Max, soit environ 24 % de notre flotte à fuselage étroit, de notre calendrier pendant la haute saison estivale a eu des conséquences néfastes », a-t-il souligné, mardi, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes.

Les 737 Max de Boeing ont été cloués au sol partout dans le monde en mars, dans la foulée de deux écrasements mortels survenus en cinq mois, en Indonésie et en Éthiopie, qui ont fait un total de 346 morts, dont 18 Canadiens.

Air Canada a supprimé le Max de ses horaires de vol au moins jusqu’au 14 février. Son concurrent WestJet Airlines l’a retiré de ses horaires jusqu’au 4 janvier, mais envisage de prolonger ce retrait à une date ultérieure.

Même si Air Canada a couvert plus de 95 % des vols prévus au troisième trimestre, il a été contraint de louer deux Airbus A330, en plus de prolonger la location d’appareils Airbus A320 et Embraer 190, moins économes en carburant que le Max 8.

Les 12 appareils Max non livrés sont installés sur des lots de Boeing, retardant ainsi l’embauche de pilotes par Air Canada — la société compte actuellement environ 400 pilotes Max, relégués à la formation pour le moment. Quatorze autres Max 8 devaient être livrés au cours du premier semestre de 2020, mais leur arrivée pourrait maintenant être repoussée.

La société sera en mesure de retirer environ 15 avions de sa flotte au cours des 12 à 15 prochains mois, en plus des deux A330, a estimé le directeur financier, Michael Rousseau.

Sommet pour l’action

L’action d’Air Canada a atteint un sommet historique mardi, notamment grâce à la confirmation des prévisions de profits du transporteur pour l’exercice 2019, malgré les pépins engendrés par l’absence des avions Max.

Le titre a gagné 1,70 $, soit 3,7 %, pour clôturer à 47,42 $ à la Bourse de Toronto, après avoir grimpé jusqu’à 48,09 $ plus tôt dans la séance — et ce, malgré la publication de résultats trimestriels légèrement inférieurs aux attentes.

L’analyste Walter Spracklin, de RBC Dominion valeurs mobilières, a indiqué que les effets de l’interdiction devaient être « ressentis de la manière la plus importante » au troisième trimestre, lorsque la capacité est plus serrée.

Cependant, il a noté que l’impact sur les coûts n’était pas aussi important que prévu.

« Selon nous, Air Canada a démontré qu’il était possible de gérer avec succès un événement externe important grâce à une meilleure tarification et à une gestion agile des coûts, afin d’obtenir de solides résultats », a affirmé M. Spracklin dans une note aux investisseurs.

Doug Taylor, analyste chez Canaccord Genuity, a expliqué comment « la société avait été en mesure de transférer efficacement les coûts supplémentaires aux clients ».

Air Canada a réitéré ses prévisions financières, qui avaient été suspendues en mars en raison de l’incertitude entourant les avions 737 Max. Le transporteur prévoit ainsi une marge bénéficiaire ajustée de 19 % et un objectif de flux de trésorerie disponibles compris entre 1,3 milliard et 1,5 milliard pour l’exercice.

Le bénéfice net a diminué de 9 % par rapport à l’an dernier pour s’établir à 636 millions au cours du trimestre clos le 30 septembre. Les revenus ont chuté de 3 % pour se chiffrer à 5,53 milliards.

Sur une base ajustée, le bénéfice par action a atteint 2,27 $, en hausse par rapport à celui de 2,10 $ par action enregistré un an plus tôt. Les analystes visaient cependant un bénéfice ajusté de 2,34 $ par action, selon la société de données financières Refinitiv.

Le carburant, qui représente près du quart des dépenses d’exploitation d’Air Canada, a coûté à la société 1,09 milliard au dernier trimestre, soit 11 % de moins au troisième trimestre de 2018.

La société a vu sa capacité diminuer sur une base annuelle pour la première fois depuis plusieurs années, mais elle prévoit une croissance de 3 % au quatrième trimestre, a affirmé la directrice commerciale, Lucie Guillemette.

Malgré des réductions de capacité dans tous les marchés clés, Air Canada a enregistré une croissance de ses revenus, de son rendement — et de ses revenus par siège mille offert, une autre mesure clé.

M. Rovinescu a indiqué qu’il espérait que l’acquisition de Transat A. T., approuvée par les actionnaires en août, reçoive le feu vert des autorités réglementaires d’ici la mi-2020 après un examen approfondi du Bureau de la concurrence.