Nemaska Lithium devra croiser le fer devant les tribunaux contre un groupe de créanciers obligataires qui s’opposent à la décision de l’entreprise de les rembourser et de mettre fin au contrat qui lie les deux parties.

Les détenteurs de ces obligations de 350 millions US, un groupe de 45 institutions financières européennes et asiatiques, ont voté majoritairement contre la décision de l’entreprise de laisser tomber cette créance afin de la remplacer par un financement plus avantageux.

Nemaska Lithium avait été avisée la semaine dernière par Nordic Trustee, le fiduciaire de ces obligations, de son intention de tenir un vote auprès des détenteurs pour s’opposer à sa décision, mais elle pensait que ça n’irait pas plus loin. Avec un vote majoritaire en main, Nordic Trustee pourra contester en cour le désistement de Nemaska Lithium.

Hier, l’entreprise a répété que la résolution du fiduciaire « est invalide et sans effet sur la société et sur les modalités des obligations ».

Elle maintient que le litige ne l’empêche pas de continuer sa recherche de financement pour poursuivre son projet de mine de spodumène et d’usine d’hydroxyde de lithium.

Nemaska Lithium soutient que le retard qu’a pris son projet est un événement qui l’autorise à mettre fin à ce financement par obligations (« a cut-off event »).

Financement de plus de 1 milliard

Cette créance de 350 millions US faisait partie du financement de plus de 1 milliard de dollars réuni l’an dernier par Nemaska Lithium. Son président Guy Bourassa avait reçu une prime de 399 600 $ en 2018 (pour une rémunération totale de 1,7 million) pour avoir bouclé ce financement.

Le financement par obligations était accessible à Nemaska à certaines conditions, mais n’avait pas encore été entamé. L’entreprise devait toutefois en acquitter les intérêts annuels de 11,25 %, soit 50 millions par année, en plus de devoir maintenir une réserve de 40 millions dans un compte dédié.

Nemaska Lithium misait sur cette réserve et sur les économies réalisées sur les intérêts pour faire avancer son projet, en attendant de se refinancer à des conditions plus avantageuses. Elle discute actuellement avec un sauveur potentiel, la firme londonienne Pallinghurst, qui pourrait investir 600 millions, en partie en actions à un prix prévu de 0,25 $ l’action.

Chute du titre

Le titre de Nemaska Lithium a souffert depuis l’annonce, la semaine dernière, du litige avec le groupe de détenteurs d’obligations. Il est passé de 0,31 $ le 16 septembre à 0,23 $ hier, une chute de 27 %.

Le gouvernement du Québec, qui a mis 130 millions dans le projet, et la firme japonaise Softbank appuient toujours Nemaska dans ses démarches de financement, a indiqué l’entreprise. Le gouvernement du Québec est actuellement le plus important actionnaire de l’entreprise, avec une participation de 13 %.