L’INNOVATION: Le vélo de montagne à assistance électrique Altitude Powerplay Alloy 70 de l’entreprise canadienne Rocky Mountain a été désigné « VTT électrique de l’année en 2019 » par le magazine français Vélo vert, au terme de tests intensifs.

Son système de propulsion électrique a été mis au point par les spécialistes de l’entreprise à Saint-Georges, en Beauce.

Les concepteurs du cadre ont pu adapter le moteur au vélo, plutôt que de contraindre sa géométrie à un moteur acheté d’un grand fournisseur, comme ses principaux concurrents.

« Ce qui nous a permis d’être numéro un, c’est le fait d’avoir un moteur maison », affirme Raymond Dutil.

QUI

M. Dutil avait fondé le fabricant de vélos Procycle en 1977. Il a acheté en 1997 Rocky Mountain, de Vancouver, quelques années avant que l’avalanche asiatique ne balaie l’industrie nord-américaine.

Il y a un an, Procycle a adopté le nom de sa gamme Rocky Mountain, dont les vélos de montagne concentraient 96 % des ventes de l’entreprise beauceronne.

PHOTO FOURNIE PAR ROCKY MOUNTAIN

Raymond Dutil, président de Rocky Mountain

Il y a une grande offre de vélos de montagne électriques. Mais nos vrais compétiteurs, ce sont les fabricants de moteurs. C’est ce qui fait la différence dans un vélo. Donc on se bat contre Bosch et Shimano. Ce ne sont pas de petits compétiteurs.

Raymond Dutil, président de Rocky Mountain

Les cadres sont conçus dans les ateliers de Vancouver, où les prototypes sont fabriqués, testés et corrigés.

Rocky Mountain compte 110 employés à Saint-Georges, 25 à North Vancouver, plus une quinzaine de représentants (en voiture) sur la route. « Total : 150. »

LE PRODUIT

En mettant au point un moteur électrique spécialement adapté au vélo de montagne, couplé à un pédalier externe, Rocky Mountain a pu conserver la géométrie idéale de sa complexe suspension articulée.

« Nos compétiteurs étaient tous obligés d’allonger leurs vélos, indique Raymond Dutil. Ça fait une très grande différence de confort et de performance. C’est pourquoi on dit qu’on crée un système adapté au vélo, plutôt que l’inverse. »

« On a l’avantage que notre moteur roule à 1200 tours minute, quatre fois moins vite que nos compétiteurs, à cause de la façon dont on l’a développé, ajoute le président. Donc moins bruyant et plus efficace. »

PHOTO FOURNIE PAR ROCKY MOUNTAIN

Le système de propulsion électrique Altitude Powerplay, libéré de son boîtier

Le logiciel de gestion de puissance, lui aussi conçu maison, réagit instantanément à l’effort du cycliste.

« Plus vous forcez, plus vous mettez de pression sur les pédales, plus le moteur vous assiste. »

Son équipe de concepteurs a également spécifié les caractéristiques des batteries, fabriquées sur mesure par une entreprise spécialisée.

« Les gens qui ne connaissent pas ça ne se rendent pas compte que c’est un vélo électrique, souligne Raymond Dutil. Parce que la batterie est dans le tube diagonal. Quand on a lancé ce vélo-là, la majorité de nos compétiteurs avaient des batteries ajoutées. Ça avait l’air de bicyclettes enceintes. »

L’AVENIR

Le vélo de montagne à assistance électrique n’est pas une version pour mollets ramollis.

« Ce mythe est complètement détruit, soutient le président de Rocky Mountain. C’est pour des gens qui veulent faire du sport. S’ils ont deux heures pour aller se promener en montagne, ils vont pouvoir faire deux fois plus de descentes avec le vélo électrique. Ils ne forcent pas moins, ils vont seulement plus loin. »

Les vélos électriques représentent de 12 à 13 % du chiffre d’affaires d’environ 70 millions de Rocky Mountain.

« Je pense que dans cinq ans, le vélo électrique va être facilement 50 % de nos ventes. »

L’Europe constitue encore son marché le plus important.

« On a encore beaucoup de chemin à faire aux États-Unis. Et on est quand même une PME dans le monde du vélo. On peut doubler et tripler notre chiffre d’affaires sans déranger personne. Mais nous, on ne veut pas être le plus gros, on veut être le meilleur. »

Raymond Dutil vise le sommet.