Alors que le quincaillier Rona peine à se remettre d’aplomb, comme s’en plaignait le président de l’américaine Lowe’s lors de ses résultats trimestriels mercredi, ses principaux concurrents dans l’est du Canada continuent de prospérer dans un marché de l’immobilier résidentiel et de la réno-décoration en effervescence.

« Je n’ai pas à me plaindre de l’année 2019 jusqu’ici. Et j’ai confiance envers les bonnes perspectives du marché de la rénovation, quand on regarde la vigueur du marché de l’immobilier résidentiel », indique Denis Morin, président du Groupe Patrick Morin, qui exploite 21 centres de matériaux et grandes quincailleries dans les régions des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie.

Quant aux difficultés chez Rona, selon les propos du président de Lowe’s ? « J’ai l’impression qu’ils se cherchent un peu, qu’ils ne savent pas trop où aller, dans quels créneaux ils doivent pousser », commente Denis Morin.

« Par exemple, je constate qu’ils font énormément de publicité pour ramener les gens dans leurs magasins, mais ça ne semble pas leur rapporter les résultats qu’il faut. Aussi, ils ont coupé des postes au Québec et dans les magasins. Est-ce que le service [aux clients] est moins bon et qu’ils en subissent les conséquences ? »

Chez le concurrent Groupe BMR, filiale de La Coop fédérée dont les 315 détaillants affiliés au Québec, en Ontario et dans les Maritimes cumulent près de 1,2 milliard en ventes, le chef de la direction, Pascal Houle, témoigne aussi d’un contexte d’affaires qui contraste avec l’insatisfaction des hauts dirigeants de Lowe’s envers la performance d’affaires de Rona au Canada.

« Je ne pourrais pas vous dire ce qui se passe chez Rona. Mais chez BMR, nos principaux indicateurs d’affaires demeurent très, très positifs, sur le plan tant de la croissance des ventes de magasins comparables que de l’ajout de marchands indépendants à nos enseignes », indique M. Houle en entretien avec La Presse.

Après les 25 détaillants ajoutés à ses enseignes l’an dernier, BMR en prévoit une quinzaine d’autres cette année. Pascal Houle évite toutefois de lier ces adhésions de quincailliers indépendants à d’éventuelles défections chez son concurrent Rona.

Néanmoins, il admet que « dans notre modèle d’affaires, c’est devenu important de nous proposer comme le grand quincaillier québécois avec un réseau de marchands indépendants qui sont déjà bien implantés dans leur milieu ».

Entre-temps, au siège administratif de Lowe’s Canada, à Boucherville, la demande de La Presse pour une discussion avec le président Sylvain Prud’homme, en suivi des propos du président de Lowe’s mercredi, a été refusée.

Lowe’s Canada a toutefois indiqué par courriel : « Depuis l’automne dernier, nous avons posé des gestes importants en vue d’améliorer la performance globale de Lowe’s Canada, dont la fermeture de 27 magasins et la consolidation de nos opérations à notre siège social de Boucherville. Nous continuerons d’analyser toutes les facettes de nos opérations afin de trouver des leviers additionnels pour optimiser davantage notre réseau.

« Par ailleurs, sachez que RONA est toujours à l’écoute de sa clientèle et traite avec beaucoup de sérieux la rétroaction de ses clients dans un objectif d’amélioration continue de l’expérience de magasinage, tant en magasin qu’en ligne. »

Relisez l’article « Rona encore dans une situation difficile, selon Lowe’s »