(Londres) Le bénéfice net du géant des hydrocarbures Royal Dutch Shell a été divisé par deux au deuxième trimestre, en raison d’un repli des cours du pétrole et du gaz et de moindres marges sur ses opérations de raffinage.

Le géant anglo-néerlandais a dégagé un bénéfice net d’un peu moins de 3 milliards de dollars entre avril et juin, contre un peu plus de 6 milliards un an plus tôt, a-t-il expliqué jeudi dans un communiqué.  

Son bénéfice trimestriel ajusté, hors éléments exceptionnels et variation des stocks (CCS), un indicateur scruté par le marché, a chuté pour sa part de 26 % à 3,5 milliards de dollars.  

Il a diminué notamment du côté du gaz, le point fort de Shell depuis le rachat coûteux de BG Group qui lui a permis de changer d’échelle dans le gaz naturel. Le géant des hydrocarbures a expliqué que les prix de vente avaient diminué tant pour le gaz que pour le gaz naturel liquéfié (GNL).

Ce bénéfice a aussi diminué dans la production du pétrole, en raison d’un repli des cours du brut, et dans les opérations dites d’« aval », notamment la pétrochimie et le raffinage qui ont dégagé de moindres marges.  

Le groupe est parvenu à partiellement compenser la baisse des cours par une hausse de 4 % de sa production, qui a atteint en moyenne 3,6 millions de barils équivalent pétrole par jour.

Lors du trimestre écoulé, Shell a souligné avoir démarré l’exploitation commerciale de deux projets importants : Prelude FLNG (Australie) a commencé à livrer du GNL et Appomattox (golfe du Mexique américain) a lancé sa production de pétrole.

Jeudi, il a annoncé en outre avoir pris la décision finale d’investissement pour son projet en eaux profondes PowerNap (golfe du Mexique américain). Ce projet, dont la production devrait démarrer à la fin 2021, disposera d’une capacité de 35 000 barils équivalents pétrole.  

D’après Shell, ce projet serait rentable même à 35 dollars le baril-signe des efforts du groupe, à l’instar de ses principaux concurrents, de recentrage sur des projets moins coûteux et plus efficients depuis le plongeon des cours du brut qui avait marqué la moitié de la décennie 2010. À titre indicatif, le baril de la référence américaine du brut (WTI) pour livraison en septembre cotait un peu moins de 58 dollars jeudi à New York.  

Déception du marché

Le groupe a d’ailleurs continué de céder des actifs jugés non stratégiques au deuxième trimestre, après avoir bouclé l’an passé un vaste programme de cessions de 30 milliards de dollars lancé en 2016 lorsque les cours du pétrole étaient bien plus faibles.  

Lors du trimestre écoulé, il a notamment vendu sa part dans une exploitation pétrolière du golfe du Mexique américain pour près d’un milliard de dollars et annoncé la cession de sa raffinerie Martinez aux États-Unis pour un milliard de dollars.  

Jugeant les résultats de Shell contrastés, Michel Hewson, analyste chez CMC Markets, a souligné que la chute des profits s’expliquait principalement « par la dépendance importante de l’entreprise au gaz naturel et à la pétrochimie, dont les prix plus faibles ont pesé sur les marges ». « Les prix du LNG ont chuté de moitié cette année, cela a beaucoup pesé sur l’incapacité de Shell à afficher le profit espéré par les investisseurs », a-t-il ajouté.  

Conséquence, le titre Shell (action « B ») chutait de 5,11 % à 2469,50 pence peu avant 9 h GMT (5h HE) à la Bourse de Londres.  

Shell a essayé néanmoins d’amadouer les investisseurs en annonçant le lancement d’une nouvelle tranche de son programme de rachat d’actions d’un montant total 25 milliards de dollars d’ici à 2020 : le groupe prévoit d’en acheter pour 2,75 milliards de dollars maximums jusqu’au 28 octobre.