L’entreprise Capital One Financial est l’une des plus grandes entreprises américaines de crédit à court terme aux consommateurs et aux PME, avec des filiales au Canada et au Royaume-Uni.

Son actif de 373 milliards US, au 30 juin dernier, se compose surtout de dizaines de millions de comptes de cartes de crédit et de prêt-auto aux consommateurs, ainsi que des comptes de crédit commercial aux PME.

De son siège social de McLean, en Virginie, en banlieue de Washington, Capital One gère aussi une filiale bancaire de 250 milliards US de dépôts de particuliers et de PME. Cette filiale bancaire a des succursales dans sept États (New York, Maryland, Virginie, New Jersey, Louisiane, Texas et District de Columbia) ainsi qu’à Londres et au Canada.

« Capital One est devenue l’une des entreprises bancaires les mieux gérées aux États-Unis, mais qui, jusqu’à récemment, était sous-estimée dans les marchés financiers », indiquait l’analyste Colin Plunkett, de la firme américaine Morningstar, lors de la publication de résultats de deuxième trimestre 2019, le 18 juillet dernier.

Dans le marché des cartes de crédit en particulier, l’analyste rappelait que le succès d’affaires de Capital One découlait « des années d’efforts et d’investissements considérables en marketing et en technologies » pour mettre en place une offre de services de crédit aux consommateurs qui « se distingue avantageusement des services moins ciblés offerts par des grandes entreprises financières ».

Quelle présence au Canada ?

Capital One est présente au Canada depuis 1996 dans le marché des services de cartes de crédit aux consommateurs par l’entremise de ses cartes Capital One/MasterCard, ainsi que les cartes de crédit de détaillants comme Costco et La Baie d’Hudson (HBC).

En fin d’exercice 2018, Capital One comptabilisait au Canada un actif de 6 milliards US en comptes de cartes de crédit, ce qui représentait 5 % de son actif total de 116 milliards US lié aux comptes de cartes de crédit.

Le Canada constitue le cinquième marché régional en importance de cartes de crédit de Capital One, après les États de la Californie, du Texas, de New York et de la Floride.

La filiale bancaire de Capital One est aussi présente au Canada avec des services de base offerts surtout en ligne, mais aussi dans trois succursales localisées à Toronto et à Kitchener-Waterloo, en Ontario, ainsi qu’à Montréal.

Ces activités au Canada de la banque Capital One sont assujetties à la législation canadienne des succursales de banques étrangères, en complément de la Loi sur les banques qui relève notamment du Bureau fédéral du surintendant des institutions financières (BSIF) et de la Banque du Canada.

Quel impact en Bourse ?

Au lendemain de sa divulgation d’une brèche d’informations touchant 106 millions de comptes-clients, dont 6 millions au Canada, la valeur des actions de Capital One à la Bourse de New York s’est repliée de 5,8 %.

Ce repli équivaut à une perte de 2,6 milliards US en valeur boursière, qui cote maintenant à 42,9 milliards US, soit l’équivalent de la capitalisation de la Banque CIBC à la Bourse de Toronto.

Ce repli boursier de Capital One efface aussi le rebond, dont ses actionnaires – surtout des firmes de fonds de placement – avaient bénéficié depuis deux semaines, après la publication de résultats de deuxième trimestre 2019 considérés comme avantageux.

Pour ses quatre derniers trimestres terminés, les revenus d’intérêt de Capital One totalisent 28,1 milliards US, en hausse annualisée de 7 %. Le bénéfice net issu de ces revenus s’élève à 5,8 milliards US, en forte hausse de 77 % sur une base annualisée.

Autre conséquence de cette fuite d’informations, Capital One a déjà fait part à ses actionnaires d’une première estimation de coûts « de 100 à 150 millions US » pour cette année seulement.

Mais parmi les analystes, on se méfie déjà du risque d’addition de dommages financiers et commerciaux chez Capital One, au fil des prochains trimestres.

« Considérant l’ampleur de cette fuite de données, je suis sceptique envers les propos de la direction de Capital One qui n’entrevoit pas d’impact sur ses prochains résultats et ses objectifs en matière d’efficacité opérationnelle », a indiqué l’analyste John Pancari, de la firme new-yorkaise Evercore, à l’agence d’informations financières Thomson Reuters.

Quant à elle, dans un avis spécial envers Capital One, la firme d’analyse financière DBRS à New York avertit ses clients-investisseurs qu’elle devra « continuer de surveiller la gravité des dommages réputationnels [pour Capital One] qui découleront de cette fuite de données, ainsi que le risque d’impact sur l’image de marque commerciale de l’entreprise ».

Sources : Capital One, Thomson Reuters, DBRS, Morningstar, Bourse de Toronto