(Francfort) La première banque allemande Deutsche Bank a publié mercredi une perte nette de 3,2 milliards d’euros au deuxième trimestre, plus lourde que prévu début juillet après l’annonce du plus grand plan de restructuration de son histoire.

Sans les charges exceptionnelles pour 3,4 milliards d’euros à fin juin – alors que 3 milliards étaient anticipés – le groupe de Francfort aurait dégagé sur le trimestre écoulé un bénéfice net part du groupe de 231 millions d’euros, en recul de 43 % sur un an, sur fond de nouvelle chute des recettes.

Avec un tel niveau de performance, « l’objectif pour 2019 d’un rendement de 4 % sur les fonds propres tangibles ne sera pas atteint, même sans les effets de la restructuration », prévoit Andreas Pläsier, analyste chez MM Warburg, joint par l’AFP.

En Bourse, l’action cédait en fin de matinée 4,08 % à 6,85 euros, en demeurant près de ses plus bas historiques.

Le groupe francfortois a engrangé 6,2 milliards d’euros de recettes au troisième trimestre, soit une baisse de 6 % conforme aux attentes des analystes sondés par Factset.  

Le recul est le plus marqué (-18 %, à 2,9 milliards d’euros) dans la banque d’investissement, l’ancienne division phare du groupe, où vont s’effectuer les principales coupes dans un plan prévoyant au total 18 000 suppressions de postes.

En particulier, les activités de négoce liées aux actions, que la banque va complètement arrêter, ont reculé de 32 % sur un an.

Les discussions avancent avec BNP Paribas pour lui transférer des activités et du personnel dans ce domaine, a ajouté la banque. Et 900 salariés ont déjà été informés depuis début juillet qu’ils devront quitter le groupe.

Les charges récurrentes ont reculé dans le même temps de 4 %, à 5,3 milliards d’euros, et ce pour le sixième trimestre d’affilée.

L’ancien fleuron de la finance allemande comptait encore à fin juin 90 900 salariés à temps plein, avant d’annoncer un vaste plan social portant sur un cinquième des effectifs.

Pour le moment, ses charges de restructuration intègrent une charge fiscale de 2,0 milliards d’euros, ainsi que des dépréciations de 1,4 milliard d’euros visant des activités dont les performances sont attendues en déclin.

La banque prévoit toujours de passer 5,1 milliards d’euros de charges de restructuration cette année, et un total de 7,4 milliards d’ici 2020.  

Sous la houlette de Christian Sewing, le patron du groupe depuis 15 mois, Deutsche Bank veut réduire à terme ses coûts annuels de 6 milliards d’euros et ainsi retrouver la rentabilité. L’an dernier, elle avait déjà supprimé 6000 postes.

Pour l’ensemble de l’année, Deutsche Bank prévoit un « recul des recettes globales » et s’attend à plonger dans le rouge, après n’avoir dégagé qu’un faible bénéfice en 2018, après trois années consécutives de perte.

Elle affirme néanmoins disposer d’un matelas confortable de fonds propres et de liquidités et n’attend pas de pertes significatives de la structure de défaisance, qui a reçu des milliards d’actifs non stratégiques pour être cédés, comme des portefeuilles de titres.