Bombardier met à pied la moitié de ses 1100 travailleurs de son usine de Thunder Bay, en Ontario, a révélé une source du gouvernement fédéral, mardi.

Deux contrats importants en Ontario — le tramway de la Commission de transport de Toronto (TTC) et les wagons de Metrolinx GO Transit — devraient prendre fin d’ici la fin de l’année.

Le président de la section locale du syndicat, Dominic Pasqualino, a dit craindre d’autres pertes d’emplois en plus des 550 prévues avec la fin de ces contrats.

« Cette activité est cyclique. Les choses montent et descendent. Mais le fait est qu’il ne semble pas y avoir de remontée en vue », a-t-il affirmé en entrevue.

« Maintenant, il semble que ces personnes quitteront Thunder Bay ou travailleront dans l’industrie forestière ou minière. C’est très perturbant », a ajouté M. Pasqualino.

La ministre des Transports de l’Ontario, Caroline Mulroney, a confirmé qu’il y aurait des mises à pied.

« Notre gouvernement a parlé aux dirigeants de Bombardier pour exprimer notre déception que leur entreprise a franchi cette étape. Nous exhortons l’entreprise à collaborer avec le gouvernement provincial afin de parvenir à un accord prévoyant le maintien des emplois à l’usine de Thunder Bay », a déclaré Mme Mulroney par communiqué.

La province et l’administration Trump blâmées

M. Pasqualino a toutefois attribué en partie l’absence de nouveaux contrats au gouvernement provincial, affirmant que « notre client est le gouvernement, ce ne sont pas des particuliers ».

Il a également montré du doigt l’administration Trump aux États-Unis, qui a souscrit aux clauses de type « Buy America » exigeant un seuil minimal de contenu local.

Le mois dernier, le député provincial Greg Rickford indiquait que Metrolinx avait proposé une offre d’achat de 36 wagons supplémentaires à Bombardier.

M. Pasqualino a dit être « heureux avec 36 », tout en ajoutant avoir « besoin de 360 ».

« Nous aurons une usine vide en 2020 », a-t-il affirmé mardi. « Nous voulons que les roues continuent de tourner. Mais ça se rapproche (de la fin). »

L’agence de transport régional a également accordé à Bombardier l’option de ralentir la production des 63 wagons restants dont l’achèvement est prévu d’ici la fin de l’année.

Une porte-parole de Bombardier n’a pas voulu commenter ces informations, mardi.

Restructurations chez Bombardier

Le géant des transports réduit ses activités aérospatiales et ferroviaires depuis plusieurs années pour améliorer sa rentabilité.

Il quitte le secteur des avions commerciaux après avoir vendu ses activités de turbopropulseurs et de jets régionaux. Bombardier a également vendu une participation majoritaire dans son programme d’avions C Series à Airbus, qui l’a renommé A220. Les emplois dans son usine de fabrication à La Pocatière ont également été menacés par le manque de nouveaux contrats.

La société a renforcé ses finances en 2015 en vendant une participation de 30 % dans Bombardier Transport à la Caisse de dépôt et placement du Québec pour 1,5 milliard US.

En dépit de cette participation, le gestionnaire de fonds de régimes de retraite a attribué un contrat pour son projet de train électrique de 6,3 milliards — le REM dans la région de Montréal — à un consortium regroupant Alstom Transport Canada et une filiale de SNC-Lavalin au lieu de Bombardier. CDPQ Infra, la filiale de la Caisse en charge du projet, n’a défini aucune exigence de contenu local.