La direction de l’Aluminerie de Bécancour a présenté, mercredi, une offre finale à ses quelque 1000 travailleurs en lock-out depuis un an et demi.

L’offre propose ainsi un retour au travail plus tôt pour tous les employés, a dit Jean-François Cyr, président d’Alcoa Canada, lors d’une conférence de presse à Trois-Rivières.

Il a précisé que selon le calendrier défini, 85 % des employés syndiqués seront de retour dans les six mois suivant la date prévue de reprise des activités, le 26 juillet. Tous les employés seraient de retour dans les huit mois suivant le redémarrage, ce qui représenterait une amélioration par rapport à l’offre déposée le 4 mars.

Ceux qui ne seraient pas de retour au travail dans les cinq mois suivant le processus de reprise recevraient un montant net non remboursable de 635 $ par semaine, et ce, jusqu’à la date de leur rappel, a dit M. Cyr.

L’offre d’une durée de six ans prévoirait également des augmentations salariales totales de 15,3 % et n’entraînerait aucune mise à pied.

« Si cette offre finale et globale est acceptée, toutes les personnes actuellement en arrêt de travail auront un emploi lors du redémarrage de l’usine », a ajouté M. Cyr.

La proposition comprend également une réduction du recours à la sous-traitance ; une contribution de 8 millions supplémentaires au régime de retraite à prestations déterminées ; et 8000 heures de temps rémunéré par année pour mener des activités syndicales, en plus d’un poste de président de syndicat à temps plein et de trois représentants santé-sécurité.

La présidente-directrice générale d’ABI, Nicole Coutu, a ajouté que l’offre continue de respecter l’ancienneté et retire une poursuite de 19 millions concernant des dommages survenus lors des négociations de 2017.

Réagissant quelques minutes après la divulgation des détails de la nouvelle offre, le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, a évoqué des « améliorations assez significatives ». Il a aussi de nouveau écarté tout recours à une loi spéciale pour mettre fin au conflit.

« Si cette offre finale est refusée, ABI devra prendre la difficile décision de fermer les cuves restantes », a prévenu la compagnie par voie de communiqué.

Le syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, a fait savoir qu’il étudierait d’abord l’offre. Il s’est aussi engagé à la présenter à ses membres, à une date qui reste à être déterminée, afin qu’ils se prononcent à ce sujet.

Ils étaient 1030, au début du lock-out, le 11 janvier 2018. En mars dernier, ils n’étaient plus que 926 travailleurs actifs.

En mars dernier, la direction avait déposé une autre offre « pour mettre fin au conflit de travail ». Celle-ci prévoyait des augmentations de salaire moyennes de 2,55 % par année et une convention d’une durée de six ans. Elle affirmait alors qu’il n’y aurait « pas de mises à pied » et que son offre permettrait à tous les travailleurs en lock-out de revenir au travail.

La direction a toujours affirmé avoir besoin de plus de « flexibilité » de la part des travailleurs et vouloir encore améliorer la productivité.

Vendredi dernier, la direction d’ABI avait rejeté la deuxième demande d’arbitrage formulée par le syndicat dans l’espoir de dénouer l’impasse. Pour qu’un arbitre puisse être nommé par le ministre du Travail, il faut que les deux parties soient d’accord pour y recourir. Or, la direction d’ABI avait refusé sur-le-champ.

Dans les heures qui avaient suivi, toutefois, la direction avait demandé au conciliateur Jean Nolin de convoquer le syndicat à une rencontre, mercredi matin. C’est lors de cette rencontre que l’offre finale a été présentée aux représentants syndicaux.

Le syndicat a déjà fait des concessions, en acceptant la suppression de 103 postes — sur les 1030 qui existaient au début du lock-out — en plus de renoncer au régime de retraite à prestations déterminées — où le risque financier est assumé par l’employeur — pour le remplacer par un régime de retraite à financement salarial — où le risque financier est assumé par les travailleurs.

ABI est propriété à 75 % d’Alcoa et à 25 % de Rio Tinto.