En dépit de tous les efforts financiers consentis par ses partenaires québécois, le producteur de diamants Stornoway pourrait bien être récupéré par des investisseurs de l’extérieur du Québec, une éventualité qu’envisage maintenant son président.

« C’est ma plus grande tristesse », a admis Patrick Godin, hier, lors d’un entretien avec La Presse.

« J’ai déjà vécu ça », rappelle-t-il, évoquant son expérience chez Cambior, la mine d’or développée au Québec qui a été avalée par Iamgold en 2006.

Stornoway a annoncé, hier, la conclusion d’un financement intérimaire pour lui permettre de continuer ses activités en attendant de trouver un acheteur ou d’autres sources de financement. Le gouvernement du Québec, son principal actionnaire, a accepté de verser une contribution supplémentaire pouvant atteindre 16,1 millions de dollars, tandis que les acheteurs du flux Renard, dont Redevances aurifères Osisko, ont consenti à avancer 5,9 millions de plus.

Patrick Godin espère toujours une solution québécoise aux problèmes de Stornoway. « Soixante-quinze pour cent de nos créanciers sont au Québec », rappelle-t-il. Il souligne aussi que même si une mine peut fermer, elle ne peut pas déménager.

Jusqu’au 16 septembre

En plus d’Investissement Québec (par sa filiale Diaquem), de la Caisse de dépôt et placement et du Fonds FTQ, Stornoway a des partenaires financiers qui ont accepté d’acheter une partie de sa production de diamants.

Hier, Stornoway a invité expressément ces acheteurs, de même que Diaquem, « à soumettre une offre d’achat sans comptant jusqu’à concurrence du montant de leur dette garantie ».

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Redevances aurifères Osisko, qui a participé au financement intérimaire à hauteur de 2,8 millions, continue de soutenir Stornoway « afin d’assurer la viabilité à long terme de la mine Renard pour le bénéfice de toutes les parties prenantes, dans le contexte actuel difficile du marché des diamants », selon les mots de son président et chef de la direction, Sean Roosen.

Les fonds supplémentaires accordés hier à Stornoway sont considérés comme des créances de premier rang et ils porteront intérêt au taux annuel de 8,25 %. Ils deviendront remboursables lorsqu’une transaction de restructuration sera conclue ou le 16 septembre prochain, selon la date la plus rapprochée.

Le financement intérimaire annoncé hier prévoit aussi que Diaquem, le Fonds FTQ et le Fonds de solidarité FTQ Nord-du-Québec renoncent aux paiements des intérêts qui leur sont dus jusqu’au 31 décembre 2019.

Un processus de sollicitation de vente et d’investissement a été lancé, avec l’aide de Valeurs mobilières TD et de Scotia Capital. « On va solliciter tous les partenaires possibles, assure Patrick Godin, autant les partenaires stratégiques que les financiers. »

Un scénario idéal, dans son esprit, serait celui qui préserve « tous les emplois et la valeur des investissements de ceux qui nous ont fait confiance ».

Selon lui, la qualité des opérations de Stornoway n’a jamais été mise en doute. Ses difficultés s’expliquent par la faiblesse actuelle du marché du diamant, a-t-il répété. « On vend à moins de 50 % de ce qu’on avait prévu. »

Les actionnaires et créanciers ont été sollicités plusieurs fois pour donner de l’air à l’entreprise. En octobre dernier, Investissement Québec, la Caisse de dépôt, le Fonds FTQ et les créanciers ont mis 129 millions dans un montage financier qui a pris la forme d’un report d’échéance et d’une émission d’actions à 0,35 $ l’unité.

Hier, le titre de Stornoway a fini la journée à 0,02 $ à la Bourse de Toronto.