Ce n’est ni l’avion régional CRJ ni ses installations de production au Québec qui incitent Mitsubishi à négocier une transaction avec Bombardier, a indiqué hier l’agence de presse japonaise Nikkei, assombrissant du même coup les perspectives pour ces derniers.

Selon l’agence, Bombardier doit actuellement insister auprès de Mitsubishi quant au fait que le programme CRJ est un tout indivisible, à prendre ou à laisser. Le conglomérat japonais serait de son côté surtout intéressé au réseau de maintenance de l’appareil présent un peu partout dans le monde.

Alors que la production du CRJ est une activité déficitaire, la maintenance des quelque 1300 appareils en circulation, elle, est lucrative. Surtout, c’est un élément dont Mitsubishi aura besoin au moment où elle commercialisera son propre avion régional, le MRJ.

« Mitsubishi est un peu dans la même situation que Bombardier avec le C Series, ils n’ont pas de réseau de maintenance », explique le directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile à l’UQAM, Mehran Ebrahimi.

« Or c’est un argument de vente très important. Quand un avion doit rester au sol parce qu’il n’y a pas d’équipe de maintenance disponible à proximité, ça coûte cher. »

Installations québécoises

Selon Bombardier, le CRJ emploie environ 750 personnes au Québec, principalement dans son usine d’assemblage final à Mirabel, mais aussi dans l’usine de Saint-Laurent, où sont fabriqués des composants.

Leur sort ne semble pas au cœur des préoccupations de Mitsubishi dans l’opération.

« La production, c’est important pour nous à cause des emplois et tout ça, mais je pense que dans les négociations, ce n’est pas la partie la plus importante. » — Mehran Ebrahimi, UQAM

Au rythme de production actuel, le carnet de commandes du CRJ sera épuisé d’ici environ 18 mois, note M. Ebrahimi.

Selon lui, il faudra une mobilisation pour convaincre Mitsubishi de choisir le Québec, peut-être pour la production éventuelle de son MRJ.

« On peut leur dire que la chaîne d’approvisionnement est déjà en place et qu’il y a des talents, fait-il valoir. Si on les convainc, on aurait Airbus qui se serait installée à Montréal, et Mitsubishi qui se serait installée à Montréal. »