Après des années de croissance accélérée par acquisitions, qui l’a hissée à 145 milliards en actifs sous gestion et plus d’un demi-milliard en revenus, la firme montréalaise Fiera Capital amorce une période d’optimisation de ses activités dans les marchés des gros investisseurs et des fortunes privées.

« Après nos récentes transactions, incluant une prise de participation chez nous du groupe européen Natixis, notre stratégie de croissance par acquisitions va ralentir de façon substantielle », a indiqué Jean-Guy Desjardins, président du conseil et chef de la direction chez Fiera, lors d’un entretien avec La Presse, en préambule de l’assemblée d’actionnaires qui a lieu aujourd’hui à Montréal.

« Cette stratégie d’acquisitions visait le développement d’une plateforme d’investissement qui serait la plus complète et la plus compétitive possible, avec les meilleurs talents que nous pourrions aller chercher. Or, le développement de Fiera par des acquisitions ciblées est pas mal complété. »

« Nos priorités de développement se recentrent désormais vers la croissance des parts de marché dans les créneaux du marché où nous sommes déjà, auprès des investisseurs institutionnels et des fortunes privées. » — Jean-Guy Desjardins, président du conseil et chef de la direction chez Fiera

« Nous voulons aussi investir davantage dans l’optimisation de notre capacité de distribution à l’échelle mondiale, dans le but d’essayer de faire encore mieux que ce que nous faisons présentement. »

Natixis

À cet égard, M. Desjardins et ses collègues dirigeants chez Fiera misent particulièrement sur les retombées de sa récente affiliation avec Natixis, qui gère l’équivalent de 1200 milliards en actifs d’investissements à l’échelle mondiale.

En convainquant Natixis d’investir 128 millions pour acquérir 11 % de son capital-actions auprès de la Banque Nationale et du holding personnel de son président-fondateur, Fiera Capital vient d’entrer dans un réseau de « centaines de gestionnaires de stratégies de placement répartis dans une vingtaine d’affiliées de Natixis de partout dans le monde ».

Et dans ce réseau de Natixis, Fiera cherchera des stratégies de placement encore sous-représentées dans son offre de services à sa clientèle de gros investisseurs et de fortunes privées, et donc susceptibles de rehausser sa compétitivité dans ce marché hautement concurrentiel.

À titre d’exemple, Jean-Guy Desjardins mentionne des stratégies d’investissement en obligations mondiales, en immobilier aux États-Unis et en actions européennes.

Fiera mise aussi sur son affiliation avec Natixis pour dénicher des stratégies d’investissements alternatifs en Europe (infrastructures, financement intérimaire d’entreprises, etc.) qui pourraient contribuer le plus à l’un de ses principaux vecteurs de croissance de revenus ces années-ci.

Investissement

Parmi ses priorités à moyen terme, Fiera Capital doit aussi effectuer de « gros investissements dans sa plateforme technologique », qui s’étend sur trois continents : Asie du Sud-Est, Amérique du Nord et Royaume-Uni.

Ces investissements sont prévus à hauteur de « 25 à 30 millions, répartis sur trois ans », explique le président de Fiera en faisant visiter son nouveau siège social aménagé sur mesure aux quatre étages supérieurs du complexe 1981 McGill College, au centre-ville de Montréal.

Depuis la fondation de Fiera il y a 15 ans, son parcours s’est garni d’une vingtaine d’acquisitions au Canada et aux États-Unis, en plus de l’établissement d’une dizaine de filiales ou de partenariats d’envergure dans la gestion de placements et d’investissements alternatifs.

Et c’est au cours des trois dernières années que cette cadence de croissance s’est particulièrement accélérée avec la réalisation d’une quinzaine de projets, soit près de la moitié du total répertorié en 15 ans.

En chiffres, cette croissance accélérée par acquisitions et partenariats a fait passer l’actif sous gestion chez Fiera Capital de 101 milliards en 2015 à 144 milliards en fin de premier trimestre 2019, le 31 mars dernier.

Entre-temps, les revenus annualisés de Fiera Capital ont plus que doublé, passant de 258 millions en fin d’exercice 2015 à 563 millions au premier trimestre 2019.

Aussi, la composition de ces revenus a beaucoup évolué. La moitié (50 %) provient désormais des activités et des clients hors du Canada, contre un tiers seulement environ il y a cinq ans.