(New York) Walmart est en train de refaire son retard sur Amazon dans le commerce en ligne : le géant mondial de la distribution a annoncé jeudi une flambée de 80 % de son bénéfice au premier trimestre, alimentée par les ventes sur l’internet.

L’enseigne doit toutefois composer avec la nouvelle poussée de fièvre dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui perturbe sa chaîne d’approvisionnement et devrait probablement la conduire à augmenter ses prix pour préserver ses marges.

Le bénéfice net a augmenté de 80 % à 3,84 milliards de dollars au premier trimestre 2019/20 achevé le 27 avril. Freiné par le dollar fort et la filiale britannique Asda, le chiffre d’affaires n’a augmenté que de 1 % à 123,9 milliards de dollars.

Outre un gain de 837 millions de dollars lié à sa participation dans la plateforme de commerce en ligne chinoise JD.com, Walmart a pu compter également sur les consommateurs américains qui lui ont permis d’enregistrer la meilleure croissance des ventes pour un premier trimestre aux États-Unis depuis neuf ans.

Les ventes à magasins comparables, indicateur surveillé de près par les marchés financiers parce qu’il donne une image plus fidèle de la réalité de l’activité, ont augmenté de 3,4 % aux États-Unis, contre une hausse de 3,3 % anticipée.

Le ticket moyen a augmenté de 2,3 % dans les magasins américains, tandis que les ventes sur l’internet ont, elles, explosé de 37 % aux États-Unis, contre +33 % à la même période il y a un an.  Cette croissance est supérieure à l’objectif de +35 % que s’est fixé l’entreprise pour l’ensemble de l’exercice 2019/20.

« Walmart est maintenant un acteur majeur dans le commerce en ligne, capable de prendre des parts de marché à Amazon et à d’autres », en déduit Neil Saunders, expert chez GlobalData Retail.

Hausse des prix

Pour cet expert, la performance trimestrielle de Walmart montre que le groupe, connu pour ses prix bas et ses hypermarchés, séduit désormais au-delà de sa clientèle traditionnelle et attire les millennaux (17-34 ans) et une clientèle aisée.

Walmart investit tous azimuts dans le commerce en ligne et livre une bataille féroce à Amazon sur la livraison, le nerf de la guerre, car les consommateurs veulent recevoir le plus tôt possible le produit commandé en ligne.

En début de semaine, le groupe de Bentonville a annoncé qu’il allait désormais offrir dans certaines villes américaines les livraisons gratuites à domicile le jour suivant la commande. Il prévoit d’étendre ce service à 75 % de la population américaine d’ici la fin de l’année.

Cette annonce est une réponse à la décision d’Amazon le 25 avril de livrer gratuitement aux abonnés au service Prime leurs courses le jour suivant la commande.

Pour attirer une clientèle jeune et branchée, Walmart a acquis récemment les sites internet Art.com et de lingerie barenecessities.com et s’est engagé à étendre la livraison des denrées alimentaires commandées en ligne le jour même.

Le distributeur est également en train de rénover ses magasins physiques aux États-Unis : il y propose des services vétérinaires et teste actuellement à New York des technologies, comme des capteurs pour réduire le temps que passent les employés à faire des inventaires.

Seul hic pour Walmart : la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine risque de mettre à mal sa réputation de distributeur de prix bas auprès des consommateurs, car le groupe dispose de fournisseurs en Chine.

« Avec les surtaxes douanières, nous allons sans doute augmenter les prix pour nos clients, mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour limiter cette hausse », a déclaré Brett Biggs, le directeur financier, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.

Il s’est refusé à dire quels produits allaient voir leurs prix augmenter, prévenant seulement que Walmart allait faire attention aux intérêts de ses actionnaires.

Sarah Muratore, experte chez Moody’s, estime que l’importante section denrées alimentaires de l’enseigne pourrait lui permettre d’éviter la colère des consommateurs en cas de hausse des prix.

« Walmart a également les ressources nécessaires, via des relations de longue date avec les fournisseurs, pour réduire au maximum l’impact des tarifs douaniers aussi bien sur lui que sur ses clients », ajoute-t-elle.