(Toronto) Les actionnaires de Power Corporation du Canada ont rejeté mardi une proposition de vote consultatif sur la rémunération des dirigeants lors de l’assemblée générale annuelle de la société, après que la direction de la société s’y est fermement opposée.

La proposition a obtenu la faveur de 23,3 % des actionnaires, contre 76,7 % qui ont appuyé la recommandation de la direction.

Même si les actionnaires ont rejeté l’idée d’un tel vote consultatif, une initiative du gouvernement fédéral pourrait éventuellement l’imposer à la société. Le dernier budget fédéral comprenait une disposition, au sujet de laquelle le Parlement n’a pas encore légiféré, qui exigerait la tenue d’un vote non contraignant des actionnaires sur la rémunération à chaque assemblée annuelle des entreprises de juridiction fédérale.

Lors de la conférence de presse qui a suivi l’assemblée annuelle, qui se déroulait à Toronto, le président du conseil de Power Corporation, Paul Desmarais Jr, a estimé que la décision du gouvernement fédéral pourrait créer un précédent inquiétant.

« Il faut se demander, intellectuellement, où cela nous mène-t-il vraiment, et qu’est-ce que cela signifie réellement pour le système. C’est quelque chose de très inquiétant, à mon avis. »

Une fois une telle tendance amorcée, il n’y aura plus de fin en ce qui a trait aux sujets sur lesquels les actionnaires pourraient vouloir avoir leur mot à dire, a déploré M. Desmarais.

« Si nous sommes inquiets pour la rémunération, pourquoi ne sommes-nous pas inquiets pour les fusions et acquisitions, pourquoi ne sommes-nous pas inquiets pour les décisions stratégiques ? »

Selon lui, les conseils d’administration et les comités de rémunération indépendants sont les mieux placés pour prendre des décisions complexes en matière de rémunération des dirigeants.

Si les actionnaires s’opposent à la manière dont la société est dirigée, ils peuvent également voter en vendant leurs actions — ce qui s’est produit dans une moins grande proportion que prévu lors du récent rachat d’actions piloté par l’entreprise, a souligné M. Desmarais.

Profit en baisse au 1er trimestre

La société montréalaise de services financiers et d’investissement a dévoilé mardi un bénéfice attribuable à ses actionnaires de 292 millions pour son premier trimestre, en baisse de 44 % par rapport à un profit de 525 millions à la même période l’an dernier, alors qu’il avait enregistré des gains grâce à la vente de certains investissements.

Power Corporation a précisé que son bénéfice net pour le trimestre clos le 31 mars s’était chiffré à 63 cents par action, par rapport à celui de 1,13 $ par action du premier trimestre de 2018.

Sa principale filiale, la Société Financière Power, a contribué au bénéfice net à hauteur de 350 millions, en baisse par rapport au montant de 383 millions de l’an dernier.

Le plus important déclin, cependant, a été celui du segment qui comprend les fonds d’investissement Sagard, où le bénéfice net a reculé à 11 millions, comparativement à 227 millions un an plus tôt.

Les résultats du premier trimestre de l’an dernier comprenaient des distributions liées à la vente d’investissements de Sagard Europe. De tels éléments sont responsables d’un niveau de volatilité attendu de la part des fonds d’investissement, a souligné le président et co-chef de la direction, André Desmarais.

« Comme nous l’avons dit à maintes reprises, les bénéfices tirés des fonds d’investissement Sagard et d’autres investissements sont de nature volatile, car ils dépendent de nombreux facteurs, notamment le moment où les réalisations se concrétisent. »

Power Corporation a aussi annoncé une augmentation de 6 % de son dividende trimestriel pour ses actions privilégiées participantes et les actions comportant des droits de vote limités. Ce paiement, qui était de 38,20 cents par action, passera ainsi à 40,5 cents par action.

Power Corporation continue d’être l’actionnaire majoritaire de la Financière Power, mais sa participation a reculé à 64,1 %, par rapport à 65,5 % précédemment.