(Montréal) La liste des joueurs québécois ayant l’œil sur Transat A. T. s’allonge alors qu’un groupe dirigé par l’homme d’affaires Dominik Pigeon confirme à son tour son implication dans le processus afin d’acquérir le voyagiste, a appris La Presse canadienne.

Ce dernier est à la tête de FNC Capital, une société de services financiers qui se spécialise dans les rachats d’entreprises par leur direction et qui se targue d’avoir contribué au maintien de sièges sociaux au Québec.

« J’ai un grand intérêt pour la société, ils le savent, a dit M. Pigeon, vendredi, au cours d’un entretien téléphonique. Notre but n’est pas seulement de l’acquérir, mais de la faire fructifier, donc épauler l’équipe de direction en place. »

PHOTO TIÉE DU SITE DE FNC CAPITAL

L’homme d’affaires Dominik Pigeon

Le groupe est appuyé par le cabinet BCF Avocats d’affaires, qui n’avait pas répondu, vendredi après-midi, aux questions transmises par La Presse canadienne.

M. Pigeon, qui a oeuvré au sein d’institutions comme le Mouvement Desjardins, Exportation et développement Canada ainsi que BNP Paribas, n’a pas voulu dévoiler l’identité de ses partenaires, confirmant toutefois qu’il n’était « pas seul ».

Selon une source au fait du dossier ayant requis l’anonymat puisqu’elle n’est pas autorisée à parler publiquement, il s’agit d’une « solution financière québécoise » avec des acteurs « institutionnels locaux » et des « appuis du Québec inc. ».

Sur son site web, FNC Capital dit lever des fonds pour « pour prêter et investir avec l’équipe de direction afin d’acheter le contrôle de leur entreprise » dans le cadre de transactions dont le prix oscille généralement entre 5 millions et 200 millions.

Des prétendants

Outre M. Pigeon, le président du développeur immobilier Groupe Mach, Vincent Chiara, a confirmé avoir déposé une offre pour la société mère d’Air Transat, alors que le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, qui dit agir à titre personnel pour le moment, a confirmé avoir demandé une analyse financière du dossier.

PHOTO PATRICK SANFAÇO, ARCHIVES LA PRESSE

Le président du développeur immobilier Groupe Mach, Vincent Chiara

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau

À l’instar de M. Chiara, le président de FNC Capital avait des contacts avec la direction du voyagiste québécois avant qu’il ne dévoile la tenue de pourparlers avec de potentiels acquéreurs, le 30 avril dernier.

Jeudi, dans le cadre d’une mêlée de presse dans les couloirs de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait signalé qu’il n’y avait pas seulement MM. Chiara et Péladeau qui avaient manifesté leur intérêt.

Au téléphone, son attaché de presse, Mathieu St-Amand, n’a pas voulu dire si le ministre avait discuté avec le dirigeant de FNC Capital.

Vote de confiance

Malgré des résultats décevants en 2018 — dont une perte ajustée de 24,5 millions — Transat A. T. poursuit son virage dans le but de mettre sur pied un réseau d’hôtels sur les plages des destinations soleil, dans l’espoir de mieux positionner l’entreprise, à compter de 2021-2022, face à la concurrence accrue de rivales comme Air Canada Rouge, Vacances WestJet et Sunwing.

Citant un processus confidentiel, M. Pigeon n’a pas voulu dévoiler ce qu’il avait en tête afin de relancer le voyagiste, mais a affirmé qu’il désirait acheter la société établie à Montréal dans son ensemble.

« J’ai confiance en l’équipe en place même si les résultats ne reflètent peut-être pas toutes les occasions qui se présentent devant l’entreprise. On veut épauler l’équipe en place. Mais nous avons une approche opérationnelle. »

Âgé de 71 ans, Jean-Marc Eustache est aux commandes de l’entreprise depuis qu’elle a vu le jour, en 1987. Le plan de succession est déjà en place, puisque c’est la chef de l’exploitation, Annick Guérard, qui doit prendre sa place.

L’intérêt à l’égard de Transat A. T. — qui compte quelque 5000 employés — fait en sorte que la facture sera plus salée afin d’acquérir l’entreprise.

Vendredi après-midi, à la Bourse de Toronto, l’action de l’entreprise prenait 46 cents, ou 4,95 %, pour se négocier à 9,75 $, ce qui correspondait à une valeur boursière d’environ 367 millions — soit une augmentation d’environ 150 millions depuis la confirmation de la tenue de pourparlers entourant une potentielle vente.

Les deux principaux actionnaires de Transat A. T. sont la firme Letko, Brosseau et associés et le Fonds de solidarité FTQ, qui détiennent des participations respectives de 18,14 % et de 11,58 %.