Bombardier s’est défendue de toute malversation en Afrique du Sud, mercredi, après que le représentant d’une société d’État eut suggéré le contraire, la veille, devant une commission judiciaire d’enquête au mandat élargi.

Selon le président du conseil d’administration de Transnet, Popo Molefe, la multinationale québécoise et la China North Rail ont indûment gonflé les coûts d’un important contrat ferroviaire afin d’empocher chacune 61 millions CAN.

« Nous sommes impatients d’avoir prochainement l’occasion de contester les allégations devant la commission », a écrit par courriel un porte-parole de Bombardier, Simon Letendre, niant au passage « tout acte répréhensible ».

Les allégations de M. Molefe, qui n’ont pas été prouvées devant un tribunal, concernent la relocalisation d’usines dans la ville de Durban dans la foulée de l’octroi, en 2015, d’un contrat de 5 milliards US à Bombardier et trois autres sociétés.

« Les coûts directs et indirects présentés par Bombardier Transport et China North Rail ne sont pas justifiés », a indiqué M. Molefe, dans le cadre de son témoignage, dont la transcription peut être consultée en ligne.

À son avis, les deux sociétés ont manœuvré en coulisses afin de convaincre Transnet de payer ces sommes alors qu’à son avis, il n’y a tout simplement pas eu de délocalisation des sites.

M. Molefe témoignait devant la commission d’enquête qui se penche, depuis l’été dernier, sur des cas de malversations en Afrique du Sud ayant mené à la démission de l’ex-président Jacob Zuma, en février dernier.

Lundi et mardi, une partie des audiences se sont penchées sur l’important contrat. La part Bombardier était de 1,2 milliard US pour la livraison de 240 locomotives et Exportation et développement Canada (EDC) avait consenti un prêt pouvant atteindre 450 millions US à Transnet.

Interrogé, M. Molefe a expliqué que les estimations gonflées présentées à Transnet avaient été calculées par la firme BEX, qui serait associée aux controversés frères Gupta, très près du régime de Jacob Zuma. Ces derniers ont également été impliqués dans une controverse entourant l’achat d’un avion d’affaires Global 6000 de Bombardier _ financé en partie grâce à un prêt d’EDC.

Dans le but d’avoir le cœur net concernant les montants supplémentaires réclamés par Bombardier et China North Rail, Transnet a retenu les services de Loliwe Rail Solutions afin de faire la lumière sur l’affaire.

« Loliwe en est venue à la conclusion qu’il n’y avait pas eu de déménagement (des sites de production) de Bombardier Transport ou du fournisseur chinois », a expliqué le président du conseil d’administration de Transnet.

Dans son courriel, M. Letendre a répliqué en affirmant que M. Molefe répétait « simplement » des allégations provenant de « rapports incomplets commandés et diffusés par Transnet il y a plusieurs mois », ajoutant que les remarques de ce dernier, bien que « décevantes », ne « constituaient pas une surprise ».

« Il est important de noter que Loliwe n’a jamais communiqué avec Bombardier, que ce soit pour obtenir des documents ou des explications ni pour vérifier ou confirmer ses conclusions, a-t-il écrit. Le fait est qu’il n’y a pas eu de “gonflement des coûts”. »

Le porte-parole de la société a ajouté que le déménagement de la production était une décision de Transnet communiquée après la signature du contrat initial et que Bombardier avait l’intention de se faire entendre devant la commission.

Dans ses plus récents documents financiers déposés auprès des autorités réglementaires, Bombardier précise avoir été informée en septembre dernier que le dossier de la relocalisation du site d’assemblage faisait l’objet d’une enquête.

Un examen interne est actuellement mené par des conseillers externes qui sont supervisés par des conseillers juridiques.

« L’examen est en cours, mais selon l’information connue de la société pour l’instant, rien ne porte à croire (qu’elle) a été impliquée dans une malversation », écrit Bombardier dans son rapport de gestion du premier trimestre.

Les audiences devraient se poursuivre au cours de la semaine devant la commission d’enquête sud-africaine.