Au moins un groupe québécois semble avoir démontré de l’intérêt à l’endroit du voyagiste Transat A. T., qui a confirmé discuter avec plus d’un acheteur potentiel, selon le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

« J’ai eu un appel ce matin avec un groupe qui travaille depuis quelque temps et qui est prêt à le regarder », a-t-il indiqué, mercredi, en mêlée de presse avant son entrée au conseil des ministres.

Interrogé par les journalistes, M. Fitzgibbon n’a pas dévoilé l’identité des investisseurs qui forment ce groupe, précisant au passage que ceux-ci n’avaient pas « nécessairement » besoin d’un coup de pouce du gouvernement québécois.

Le ministre de l’Économie a précisé au passage qu’il avait offert de demeurer disponible pour aider ces gens d’affaires « s’ils veulent continuer ».

Entre-temps, Investissement Québec (IQ), qui ne détient aucune action de la société établie à Montréal, a confirmé avoir reçu, de la part du gouvernement Legault, un mandat pour se pencher sur la situation du voyagiste.

« Le gouvernement du Québec souhaite qu’IQ puisse contribuer à soutenir de potentiels acheteurs québécois de l’entreprise, au besoin, s’est limité à dire sa porte-parole, Isabelle Fontaine. Pour le reste, IQ ne discute pas publiquement des discussions qu’elle a ou pourrait avoir. »

Après avoir vu la société mère d’Air Transat évoquer une vente de la société — ce qui n’est toutefois pas garanti au terme du processus en cours — Québec a rapidement signalé qu’il ne fermait pas la porte à une intervention visant à conserver le siège social.

« C’est important que nous appuyions les gens qui veulent maintenir les (5000) emplois et le (siège social), a dit M. Fitzgibbon. Si le plan d’affaires permet d’avoir une concurrence, c’est sûr que l’on va supporter les gens qui vont faire cela. »

Jusqu’à présent, les noms d’Air Canada et WestJet ont été évoqués comme éventuels prétendants de Transat A. T. Des sociétés étrangères, comme le géant allemand TUI, ainsi que des fonds d’investissement pourraient également être sur les rangs.

Le principal actionnaire de Transat A. T. est la firme Letko, Brosseau et associés, avec une participation de 18,14 %, devant le Fonds de solidarité FTQ, propriétaire à hauteur de 11,58 %. La Caisse de dépôt et placement du Québec détient également une participation de 5,84 %.

Advenant une offre d’Air Canada, le Bureau de la concurrence pourrait bloquer une éventuelle transaction, étant donné que sa filiale Rouge rivalise déjà avec la société mère d’Air Transat dans de nombreux marchés.

Un rapprochement entre WestJet et Transat A. T. avait toutefois déjà été évoqué en 2017 par l’analyste de Scotia Capitaux Turan Quettawala, qui s’était penché sur les impacts d’une telle transaction pour le transporteur aérien établi à Calgary, surtout présent sur les destinations transatlantiques mais moins sur le marché des destinations soleil.

Quoi qu’il en soit, Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a suggéré la prudence, dans une note envoyée à ses clients, soulignant qu’il y avait une « forte probabilité » que Transat A. T. ne soit pas vendue.

L’analyste a reconnu qu’un acquéreur potentiel pourrait avoir l’œil sur les liquidités à la disposition de la société dans le cadre du plan visant à mettre sur pied une chaîne hôtelière sur les plages des destinations soleil, tout en apportant un bémol.

« Cependant nous notons que Transat A. T. a également des engagements entourant la location d’avions totalisant 2,5 milliards, qui sont des obligations contractuelles », a-t-il précisé.

Invité à dire si le Fonds de solidarité FTQ pourrait augmenter sa mise dans Transat A. T. étant donné que la compagnie pourrait être vendue, son porte-parole, Patrick McQuilken, a indiqué que l’investisseur institutionnel ne discutait pas de ses interventions sur les marchés.

Selon Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, depuis le début de l’année, des coûts liés à une transition de la flotte d’avions, au carburant ainsi que des taux de change défavorables ont pesé sur le titre de Transat A. T., qui se négociait à 5,67 $, à la Bourse de Toronto, avant l’annonce d’une vente potentielle de la société.

Sur le parquet de Bay Street, le titre se négociait, mercredi après-midi, à 8,27 $, ce qui conférait une valeur boursière de 311 millions au voyagiste.