Alors que les revenus et les bénéfices de ses principaux concurrents progressent, voire explosent dans le cas d’Air Canada, ceux de Transat font du surplace depuis maintenant plus de 10 ans, ce qui explique la morosité des investisseurs à son endroit.

« C’est un bon moment pour vendre, ce n’est pas un canard boiteux qu’on vend, on n’est pas dans une position de faiblesse pour négocier », croit d’entrée de jeu Mehran Ebrahimi, directeur du groupe d’études en management des entreprises de l’aéronautique de l’UQAM.

« Les destinations sont là, ils sont en train de renouveler leur flotte, ce qui va leur permettre de diminuer leurs coûts d’opération et d’atténuer la hausse des prix du carburant », vante-t-il.

N’empêche qu’à l’exception d’une embellie en 2017, il y a un bon moment que le titre de Transat a cessé d’emballer les marchés financiers.

Efforts sur la chaîne hôtelière

Stratégiquement, l’entreprise concentre actuellement ses efforts sur la création de sa propre chaîne hôtelière. Elle a déjà acquis les terrains nécessaires à sa première construction à Puerto Morelos, au Mexique, et a déjà laissé savoir qu’elle pourrait réaliser en cours d’année une ou deux acquisitions d’hôtels existants.

L’ennui avec ce plan, selon les analystes, est qu’il n’est pas susceptible de créer de la croissance à court terme.

« Nous croyons que les marchés pourraient ne pas récompenser le plan d’affaires actuel de Transat, à cause de l’incertitude et de la période prolongée (plus de cinq ans) nécessaire avant qu’il ne dégage des retours significatifs. » — Tim James, de TD

Afin de créer de la valeur entre-temps, il faudra des initiatives pour améliorer les marges et faire croître le trafic de façon significative, estimait de son côté, en décembre dernier, l’analyste Benoit Poirier, de Desjardins, qui était par ailleurs optimiste quant au potentiel à long terme de la stratégie hôtelière.

Les réductions de coûts ont d’ailleurs été au cœur des efforts de Transat au cours des dernières années, avec un succès mitigé. Elle s’est aussi départie de plusieurs actifs, afin d’amasser les liquidités nécessaires à la mise sur pied de sa chaîne d’hôtels. Elle a ainsi vendu sa participation dans la chaîne Ocean Hotels, ainsi que ses filiales voyagistes Jonview, Transat France et Tourgreece, notamment.

Sur le marché européen, elle s’est progressivement transformée et ne vend maintenant à peu près plus que des billets d’avion, plutôt que des forfaits comme auparavant, note un expert en tourisme qui connaît bien ses activités.

L’ajout de compétition a aussi fait mal, estime ce dernier, en limitant la capacité d’Air Transat d’augmenter ses revenus.

« Si tu regardes les prix, Rouge est toujours environ 50 $ ou 100 $ plus cher que Transat. Ça les empêche de monter leurs prix. »