Contrairement à leurs collègues de Bombardier quelques heures plus tôt, les employés syndiqués d’Airbus à Mirabel ont rejeté à 73% l’offre patronale pour le renouvellement de leur convention collective. Ils ont ensuite adopté à 98,6% un mandat de grève qui n'entre pas en vigueur immédiatement.

Un peu plus de 1000 employés affectés à l’assemblage de l’A220 (ancienne C Series) se sont prononcés contre une offre qui leur assurait une augmentation de salaire de 2% par année pendant 3 ans, mais qui faisait augmenter leur prime d’assurance et ouvrait la porte à la sous-traitance. Leur régime de retraite demeurait inchangé, bien qu’aucune nouvelle indexation n’y était prévue.

L’offre d’Airbus ouvrait aussi la porte à ce que du travail « pré-assemblage » soit effectué à Mirabel, même pour des composantes qui seraient éventuellement assemblées à Mobile, en Alabama, dans la nouvelle usine destinée à produire les appareils vendus à des clients américains.

« Ça fait 10 ans qu’on tient ce programme-là à bouts de bras, on a fait des sacrifices, et là on vient de se faire dire que nos sacrifices ne valent rien », a déploré un employé qui ne souhaitait pas être nommé, après le vote.

« De nous demander encore des concessions quand ils ont eu un avion comme ça qui leur est tombé du ciel, ça prend du front », a de son côté jugé un autre employé, François Mongeau.

La nouvelle convention collective devait durer trois ans et demi, jusqu’en mai 2022. La prochaine négociation au sein de la Société en commandite Airbus Canada ne se serait ainsi plus déroulée en même temps que celle des employés de Bombardier affiliés au même syndicat, l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale (AIMTA).

La Société en commandite Airbus Canada est propriété d’Airbus (50,01%), Bombardier et le gouvernement du Québec.

Bombardier: approuvé à 66%

Plus tôt, les employés syndiqués des usines de Bombardier à Mirabel, Saint-Laurent et Dorval avaient accepté dans une proportion de 66% une offre patronale légèrement différente renouvelant leur convention collective pour les trois prochaines années.

L’offre prévoyait des augmentations salariales de 2% par année pendant les trois années de la convention collective, qui viendra à échéance en décembre 2021. Contrairement à celle d’Airbus, elle prévoyait aussi le versement aux employés d'un boni à la signature de 1500$ chacun.

En retour, les employés ont accepté quelques reculs. Ils auront droit à une journée de congé de moins et le prix de leur couverture d’assurance augmentera significativement, environ du triple.

« On ne voulait pas qu’ils touchent à notre retraite, et ils n’y touchent pas », a résumé un syndiqué.

Environ 3200 employés de Bombardier étaient appelés à participer à une assemblée syndicale qui a débuté à 9h, ce matin, au Palais des congrès de Montréal. Comme leurs collègues de la Société en commandite Airbus Canada, ils sont eux aussi affiliés à l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale (AIMTA).

Il s'agit du premier renouvellement de convention collective depuis qu'Airbus a pris le contrôle de ce qui était autrefois appelé la C Series. Les deux groupes, qui n’en formaient auparavant qu’un seul, devaient  donc se prononcer sur des offres légèrement différentes. 

Les négociations se sont déroulées dans un climat tendu. La publication par le syndicat, il y a deux semaines, des grandes lignes des propositions patronales avaient braqué les syndiqués. La position patronale s’est adoucie au retour à la table de négociations, a-t-on pu apprendre, mais les syndiqués se sont présentés aux assemblées d’aujourdhui avec de grandes craintes.