L'exploitant de programme de fidélisation Aimia lance un examen de son orientation stratégique alors qu'il s'emploie à finaliser la vente de son programme de récompenses Aéroplan.

« Même si nous avons été en mesure de fournir un excellent service à nos clients, nos actionnaires n'ont pas profité du même avantage », a indiqué mercredi le chef de la direction, Jeremy Rabe, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

« Alors que nous investissions dans notre plateforme mondiale pour développer nos activités, la base de nos coûts a devancé notre capacité à générer de nouveaux revenus et, plus récemment, l'incertitude perçue autour d'Aimia a contribué à la perte de clients. »

Le conseil d'administration de la société a demandé à la direction de lui présenter de nouvelles perspectives et des projets pour l'avenir de la société, une fois qu'elle aura conclu la vente de son programme Aéroplan à un consortium dirigé par Air Canada pour 450 millions.

L'avenir du programme avait été plongé dans l'incertitude lorsqu'Air Canada a annoncé, en mai 2017, qu'il ne renouvellerait pas son partenariat avec Aimia après son expiration prévue en juillet 2020, pour lancer son propre programme de fidélisation. Aéroplan devrait finalement être racheté par un groupe qui comprend notamment la Banque TD, la Banque CIBC et Visa Canada.

« Notre objectif doit maintenant être de réaligner la forme de l'entreprise par rapport à ce qu'elle est aujourd'hui, et de faire en sorte que les coûts reflètent plus fidèlement la composition future des revenus », a expliqué M. Rabe.

« Nous avons un nouveau plan axé sur la simplification, l'efficacité et les technologies et services de base. »

M. Rabe a expliqué vouloir conclure la transaction d'ici la fin de l'année. « Manger et dormir sera facultatif jusqu'à l'obtention d'un accord définitif », a-t-il ajouté.

L'action d'Aimia se négocie aux environs de 4 $ depuis l'annonce de la transaction, le 21 août, soit moins de la moitié de son cours avant le mois de mai 2017. Le titre avait atteint un sommet d'environ 20 $ au premier semestre de 2014, et les pertes nettes de l'entreprise totalisent plus de 400 millions dans les cinq dernières années.

La portée mondiale d'Aimia a parfois été coûteuse. En février, la société a annoncé qu'elle avait vendu Nectar, un programme de fidélisation au Royaume-Uni, au détaillant britannique Sainsbury pour 105 millions, 11 ans après l'avoir acheté pour 755 millions.

« Certains se sont demandé si Aimia profitait d'Aéroplan sans réellement investir dans cette activité ni dans sa croissance », a observé Chris Murray, analyste chez AltaCorp Capital.

« La question est de savoir si cela a été géré aussi efficacement que possible et s'il est encore possible de prendre de la croissance pour conquérir une part de marché supplémentaire. »

La direction d'Aimia a indiqué en août qu'elle envisageait de nouvelles ventes d'actifs et une liquidation de la société. Martin Landry, analyste chez GMP Securities, a émis l'hypothèse qu'Aimia puisse éventuellement ressembler à « une société de portefeuille ayant des actifs limités ».

L'entente conclue au sujet d'Aéroplan laisserait à la société plus de 1 milliard en espèces pour investir ailleurs, a pour sa part souligné Mittleman Brothers, principal actionnaire d'Aimia, avec une participation de 17,6 %.

Des analystes ont estimé qu'environ 1000 employés d'Aéroplan, soit environ 60 % des effectifs d'Aimia, seraient transférés chez Air Canada si l'accord était conclu.

Aimia a affiché mercredi un bénéfice de 21,7 millions, soit 11 cents par action, au troisième trimestre, comparativement à une perte de 40,3 millions, ou 29 cents par action, à la même période l'an dernier.

Ses revenus ont totalisé 372,7 millions pour le trimestre terminé le 30 septembre, en hausse par rapport à ceux de 350,5 millions du troisième trimestre de 2017.

Le bénéfice net ajusté par action a grimpé à 33 cents le trimestre dernier, contre 4 cents à la même période de l'année dernière. Le résultat par action du plus récent trimestre a surpassé les attentes des analystes de plus de 65 %, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.