Aurora Cannabis a constaté une « forte demande » de cannabis à usage récréatif au cours des premières semaines de légalisation au Canada et s'attend à ce que l'appétit des consommateurs continue de dépasser l'offre pendant « un certain temps ».

Le producteur de cannabis d'Edmonton affirme avoir été en mesure de respecter « presque toutes » ses obligations en matière d'approvisionnement dans les semaines qui ont mené à la légalisation du cannabis au Canada, le 17 octobre, ainsi que depuis cette date. Il lui faudra cependant du temps pour qu'il puisse augmenter sa production, dans les prochains trimestres, a prévenu Cam Battley, chef des affaires corporatives chez Aurora.

« Nous avons entendu l'inconfort des provinces qui, de façon générale, n'ont pas été en mesure de fournir un approvisionnement suffisant », a-t-il affirmé lors d'une conférence téléphonique avec des analystes financiers pour discuter des derniers résultats de la société.

« Nous pensons avoir fait mieux que d'autres sociétés, nos pairs. Nous allons accélérer la cadence, nous pourrons bientôt rattraper une partie du retard. Mais nous ne pouvons pas le faire immédiatement. »

Aurora Cannabis a réalisé un chiffre d'affaires de 29,7 millions au cours du premier trimestre de son exercice 2019, soit plus de trois fois les 8,2 millions enregistrés au trimestre clos le 30 septembre 2017. Son bénéfice net trimestriel a atteint 104,2 millions, en hausse par rapport à celui de près de 3,6 millions d'il y a un an, grâce à un gain latent hors trésorerie sur des produits dérivés et des titres négociables.

Le prix de vente nette moyen s'est établi à 9,19 $ par gramme au plus récent trimestre, en hausse de 12 % par rapport à l'an dernier, attribuable à une augmentation des ventes d'extraits de cannabis.

Il est difficile d'analyser le rendement des entreprises productrices de marijuana en raison des règles comptables appliquées dans le secteur agricole, qui obligent les entreprises à attribuer une valeur à leurs plants avant leur récolte. Les approches des producteurs diffèrent quant à la manière d'appliquer ces directives.

Le cannabis récréatif, « un succès »

Le Canada est devenu, le mois dernier, le deuxième pays au monde après l'Uruguay à légaliser le cannabis récréatif. L'ouverture de ce nouveau marché, et l'arrivée de nouveaux clients, devraient avoir un résultat concret sur les résultats des producteurs.

Cependant, le lancement a été entaché de problèmes, notamment de pénuries de produits sur de nombreux marchés, la demande ayant dépassé l'offre. Certaines entités gouvernementales chargées de la vente et de la distribution de cannabis à des fins récréatives dans les différentes provinces ont déclaré avoir reçu moins de produits que prévu et ont prévenu que les pénuries pourraient durer des mois.

Les résultats d'Aurora ne comprenaient pas les ventes de cannabis à des fins récréatives après la légalisation, mais la direction a fourni quelques informations initiales sur la façon dont le déploiement s'est déroulé.

Même si toutes les provinces et tous les territoires n'ont pas fourni de détails sur les ventes de cannabis récréatif, Aurora a estimé que ce marché était un « succès » jusqu'à présent. L'entreprise a précisé que ses marques et produits figuraient parmi les plus vendus dans plusieurs des provinces qu'elle s'est engagée à fournir.

Les marques d'Aurora représentaient environ 30 % du marché total approvisionné par l'entremise de l'Ontario Cannabis Store, tandis que les quatre produits de fleurs séchées les plus vendus en Colombie-Britannique étaient aussi les siens, a précisé la société.

Martin Landry, analyste chez GMP Securities, a observé que cette part de marché était plus importante que celle prévue pour la société, en particulier en Ontario.

« Nous avons été agréablement surpris par le dynamisme de leurs produits sur le marché de la vente au détail », a-t-il affirmé.

Alcanna, une société qui exploite cinq magasins Nova Cannabis en Alberta et dans laquelle Aurora détient une participation de 25 %, a réalisé un chiffre d'affaires de 3,7 millions au cours des 19 premiers jours de ventes, a annoncé lundi M. Battley.

Les revenus du plus récent trimestre d'Aurora comptaient des revenus de 600 000 $ tirés des premières livraisons aux provinces, dans les derniers jours de septembre, en vue de la législation.

La société a ajouté que, dans les trois mois précédant le 30 septembre et dans les semaines qui ont suivi, elle avait réalisé « des progrès significatifs dans l'augmentation de sa capacité de production, notamment avec la réception de diverses licences de vente et de production ».

Par exemple, en septembre, l'entreprise a reçu sa licence de production de Santé Canada pour son installation Aurora Eau à Lachute, au Québec, et a ouvert ses portes le 5 novembre.

Aurora vise une augmentation de son taux de production annualisé, actuellement de 70 000 kilogrammes, à 150 000 kilogrammes.

La société pourrait vendre chaque gramme qu'elle produit d'ici le mois de juin sur le marché de la consommation récréative, a souligné son chef de la direction, Terry Booth, citant une évaluation de l'équipe de production d'Aurora.

« Nous le tempérons, nous respectons nos engagements. Et lorsque nous aurons un approvisionnement supplémentaire - et nous allons en avoir un - [...] nous allons le consacrer au marché récréatif. Mais il ne faut pas oublier que le marché médical et le marché européen nous rapportent davantage, dans l'ensemble », a-t-il expliqué aux analystes.

La société continue de concentrer ses efforts sur le marché médical international, particulièrement pour l'Union européenne, a expliqué M. Booth.

« L'avenir est prometteur pour le système du cannabis médicinal et nous sommes une société mondiale de cannabis médicinal. [...] Cette utilisation récréative n'est qu'une petite pointe d'une très grosse tarte. »