Boralex se réjouit de voir que le gouvernement Legault n'a pas encore débranché Apuiat même si la Coalition avenir Québec a condamné à plus d'une reprise ce projet éolien de 600 millions en campagne électorale.

Son président et chef de la direction, Patrick Lemaire, n'a pas caché, vendredi, qu'il croyait que le résultat de l'élection avait scellé le sort de ce projet qui a suscité la discorde dans la sphère politique.

« Nous sommes satisfaits de constater qu'il y a des discussions au sein du gouvernement », a-t-il dit, vendredi, à l'occasion d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre, où Boralex a doublé sa perte nette, ce qui a ébranlé son action à la Bourse de Toronto.

En vertu d'une entente de principe conclue juste avant la campagne électorale, Hydro-Québec doit acheter le bloc d'électricité de 200 mégawatts du parc éolien réalisé en partenariat avec Boralex et les Innus de la Côte-Nord.

Ce projet a été dénoncé à plus d'une reprise par François Legault pour son coût qu'il jugeait trop onéreux pour la société d'État, dans le contexte actuel de surplus d'électricité.

Même si rien n'est gagné, M. Lemaire estime que les parties prenantes ont au moins la chance de faire valoir leurs arguments auprès du gouvernement Legault, ce qui offre une lueur d'espoir aux promoteurs.

« Je suis content (que le projet) ne soit pas encore mort, a-t-il souligné. Nous avons déjà eu des rencontres avec le ministre (de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien) pour expliquer les bénéfices (d'Apuiat). »

Le grand patron du producteur québécois d'énergie renouvelable n'est toutefois pas allé plus loin dans ses commentaires livrés aux analystes. L'entreprise a refusé la demande d'entrevue de La Presse canadienne.

Jeudi, le gouvernement Legault avait rencontré les chefs innus concernant Apuiat. Les Innus ont estimé qu'il s'agissait d'un signe encourageant en dépit de l'opposition des caquistes au projet actuel.

Sous les attentes

Au troisième trimestre, Boralex a souffert des caprices de Dame nature, alors que le vent n'a pas été au rendez-vous aux endroits où se trouvent ses sites de production d'énergie éolienne en France.

L'entreprise, également présente dans les secteurs hydroélectrique, thermique et solaire, a ainsi affiché une perte nette de 34 millions, ou 43 cents par action, pour la période de trois mois terminée le 30 septembre.

Sur le parquet torontois, l'action de Boralex a temporairement touché un creux annuel, vendredi, pour finalement clôturer à 16,65 $, en recul de 85 cents, ou 4,86 %, par rapport à son cours de clôture de jeudi.

L'augmentation de la perte nette s'explique également par une augmentation des frais d'amortissement, de ceux découlant des acquisitions ainsi qu'à une hausse de 3 millions des charges financières. Des conditions météorologiques défavorables ont également affecté des centrales hydroélectriques au Canada ainsi qu'aux États-Unis.

« Bien que les résultats soient en deçà de nos attentes, nous continuons de générer une hausse des revenus tirés des ventes d'énergie et du bénéfice d'exploitation », a rappelé le dirigeant de Boralex.

Les recettes récoltées grâce à la vente d'énergie sont passées de 74 millions il y a un an à 79 millions au troisième trimestre de l'exercice en cours.

Néanmoins, les analystes sondés par Thomson Reuters Eikon s'attendaient à ce que ce résultat soit de 94 millions et anticipaient une perte nette par action de 28 cents.

Malgré la performance de Boralex au troisième trimestre, Bill Cabel, de Desjardins Marché des capitaux, a estimé, dans une note, que l'entreprise avait d'intéressantes avenues de croissance devant elle.

« En tenant compte de ces résultats, nous pensons que l'action risque d'être sous pression, ce qui, selon nous, constitue une occasion d'achat (pour les investisseurs) », a écrit l'analyste.

Le plus important actionnaire de Boralex est la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient une participation de 19,9 % dans le producteur d'énergie renouvelable établi à Montréal.