L'enseigne Walmart a revu mardi à la baisse ses ambitions annuelles en raison des coûts liés au rachat du distributeur indien Flipkart, pièce importante dans sa compétition avec Amazon pour dominer le commerce en ligne.

Le numéro un mondial de la distribution table désormais sur un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, compris entre 4,65 et 4,80 dollars lors de l'exercice fiscal devant se clôturer le 31 janvier 2019.  

La prévision précédente était de 4,90 à 5,05 dollars, tandis que les analystes anticipent, eux, un bénéfice par action de 4,79 dollars en moyenne.

Walmart est devenu en mai dernier le premier actionnaire du distributeur en ligne indien Flipkart avec une participation de 77 %, acquise pour 16 milliards de dollars.  

Le groupe de l'Arkansas, qui est en train de réorganiser ses activités à l'étranger afin de contrer l'expansion d'Amazon, espère profiter du marché indien du commerce en ligne évalué à 30 milliards de dollars, selon le cabinet Euromonitor. Il est appelé toutefois à croître de 27,8 % par an lors des cinq prochaines années, un potentiel alléchant pour les deux géants américains de la distribution qui sont en concurrence directe.  

Walmart, qui a également averti que ses ventes allaient probablement ralentir l'an prochain aux États-Unis, a promis de continuer à investir pour s'adapter aux changements des habitudes des consommateurs.

« Une société qui n'investit pas ne survivra pas », a expliqué le directeur financier Brett Biggs lors d'une conférence téléphonique organisée dans le cadre d'une journée dédiée aux investisseurs. « Les produits des investissements passés sont utilisés pour financer les investissements futurs », a-t-il ajouté.

Amazon aux aguets

Ces déclarations tombent au lendemain du dépôt de bilan de la chaîne de supermarchés emblématiques Sears, victime de ses propres erreurs et de ne pas avoir su attirer les milléniaux (17-35 ans), qui font leurs achats sur leur téléphone intelligent.

Après avoir dévissé dans les minutes suivant les annonces, l'action de Walmart remontait à Wall Street, gagnant 2,15 % vers 11 h 30, les investisseurs semblant convaincus par les explications du groupe.

« Ils ont besoin d'investir parce qu'ils sentent qu'Amazon est aux aguets » et prêt à profiter de tout faux pas, estime Tuna Amobi, expert chez CFRÀ Research.

Amazon a décidé d'attaquer Walmart sur son terrain traditionnel de magasins physiques en rachetant l'enseigne de produits « bio » Whole Foods, en ouvrant ses propres boutiques et en augmentant les salaires de ses employés.  

Walmart, qui a investi ces dernières années dans la rénovation de ses magasins, multiplie de son côté les acquisitions de plateformes de commerce en ligne à l'instar de Bonobos, Jet.com, Shoes.com.

L'enseigne a également lancé une offensive dans le divertissement, argument marketing de son rival qui utilise Prime Video pour attirer de nouveaux clients. Walmart a en effet signé récemment un accord avec le studio de cinéma MGM, producteur des films légendaires comme Grand hôtel, Les révoltés du Bounty, Le magicien d'Oz, Chantons sous la pluie, Gigi, Ben-Hur.

Il est encore trop tôt pour dire lequel des deux géants sortira vainqueur de cette bataille qui déterminera, selon les experts, l'avenir de la distribution, même si Amazon a les préférences des marchés financiers. Ceux-ci l'ont propulsé au-delà du seuil symbolique des 1000 milliards de dollars de capitalisation boursière le 4 septembre dernier, alors que Walmart ne pèse que quelque 281 milliards.

La prise de participation dans Flipkart devrait aussi peser sur les bénéfices de l'exercice fiscal 2019/20, a encore averti Walmart. Le bénéfice par action devrait ainsi diminuer de 1 à 5 % comparé à l'exercice 2019. Hors Flipkart, il devrait progresser d'au moins 5 %.

Lors de ce prochain exercice fiscal, les ventes dans le commerce en ligne, relais de croissance et priorité de Walmart devraient, elles, progresser de 35 %, soit moins que la prévision de 40 % pour l'exercice 2019.  

Les ventes totales (commerce en ligne et magasins physiques) devraient progresser de 3 % en 2020, une hausse limitée par la déconsolidation des activités brésiliennes et la décision de Walmart de réduire le volume de cigarettes vendues dans ses magasins de gros Sam's Club.

Les ventes à magasins comparables devraient augmenter aux États-Unis de 2,5 à 3 %, contre 3 % pour l'année en cours.