Alors qu'ils s'apprêtent à dévoiler des résultats financiers «records» pour son troisième trimestre, les dirigeants du Canadien Pacifique ont estimé jeudi que l'«effet Amazon» ne représentait aucune menace pour le transporteur ferroviaire et a relevé ses prévisions pour l'ensemble de l'exercice en cours.

«Certains consommateurs veulent acheter des produits d'Amazon, d'autres veulent les acheter de Home Depot», a observé le vice-président du CP, Jonathan Wahba.

«Nous avons la base des messageries, et nous avons les magasins à grande surface [...] Nous ne nous préoccupons pas du changement dans les habitudes des consommateurs, puisque nous croyons que cela va passer par nous de toute façon», a-t-il ajouté, en référence à ce qu'il a appelé l'«effet Amazon».

Le géant américain du commerce électronique a traité environ 44 % de toutes les ventes en ligne des États-Unis l'an dernier, soit un chiffre d'affaires de 177,9 milliards $ US, ou environ quatre % de toutes les ventes au détail du pays, selon la société d'analyse de commerce électronique One Click Retail. Amazon devrait générer environ la moitié de toutes les recettes provenant des achats sur internet en 2018.

Amazon s'appuie sur un réseau de services de livraison pour traiter ses envois, mais sa flotte de camions et d'avions est en croissance. En juin, elle a annoncé un nouveau programme pour inciter les personnes à créer leur propre entreprise, en leur proposant de faire des offres groupées pour la société, menaçant ainsi de contourner les grands services de messagerie.

M. Wahba et le chef de la direction du CP, Keith Creel, ont souligné l'efficacité accrue du transporteur, grâce au recours à des algorithmes pour préparer ses horaires. Selon eux, cela leur a permis d'obtenir plus de travail auprès des sociétés de livraison comme Purolator et United Parcel Service.

«Nous nous sommes réinventés au sein de cette société. Et cela repose sur un modèle d'horaires de transport ferroviaire axé sur la précision», a affirmé M. Creel à des investisseurs réunis au siège social du CP, à Calgary.

Le chemin de fer a augmenté sa capacité en nivelant les «hauts et les bas» du trafic de trains intermodaux chaque semaine, ce qui lui a permis d'être plus constant dans la longueur de ses trains et de transporter de plus hauts volumes de biens, a expliqué M. Wahba.

«Aujourd'hui, nous vendons nos activités comme si nous étions FedEx» - qui utilise un système de tarification progressive basé en partie sur la rapidité de livraison - a-t-il affirmé.

Prévisions en hausse

Le transporteur ferroviaire calcule maintenant que son bénéfice ajusté par action augmentera de plus de 20 % pour l'année, par rapport à ses prévisions antérieures d'entre 10 % et 15 %.

«Cela indique clairement que l'élan acquis par le CP au troisième trimestre devrait se poursuivre au quatrième trimestre», a observé Walter Spracklin, analyste de RBC Dominion valeurs mobilières, dans une note aux investisseurs.

Dans ses résultats préliminaires pour le troisième trimestre, le groupe a dit s'attendre à un chiffre d'affaires en hausse de 19 %, au niveau record d'environ 1,9 milliard.

Le CP s'attend également à ce que son bénéfice dilué par action soit d'environ 4,35 $ pour le troisième trimestre, tandis que le bénéfice ajusté devrait s'établir à environ 4,10 $ par action, le plus haut niveau de son histoire.

Selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon, les analystes s'attendent en moyenne à ce que le CP engrange 3,64 $ par action au plus récent trimestre.

Le ratio d'exploitation de la compagnie de chemin de fer pour le trimestre - une mesure clé de l'efficacité, qui est meilleure lorsqu'elle est faible - devrait être inférieur à 58,5 %.

Les analystes tablent sur une croissance du volume de 5 % et sur une augmentation du bénéfice par action de 13 % de 2018 à 2020.

M. Spracklin s'est dit «particulièrement impressionné» par les prévisions et les résultats préliminaires, ainsi que par «l'énergie» de l'équipe de direction.