L'allemand Volkswagen, numéro un mondial de l'automobile, a affiché mercredi un résultat trimestriel solide tout en s'inquiétant de «grands défis» d'avenir, entre conflits commerciaux et nouvelles normes antipollution.

Avec 3,31 milliards d'euros et une hausse de 6,8 % sur un an, le bénéfice net du deuxième trimestre dépasse même les attentes des analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur 3,21 milliards.

«Le groupe a évolué avec succès au premier semestre», a déclaré Herbert Diess, son PDG. «Mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, car les prochains trimestres présentent de grands défis», notamment liés aux normes de mesure de la pollution WLTP.

Ces nouveaux tests plus précis ont été mal anticipés par Volkswagen qui devra ainsi fermer son usine historique de Wolfsburg pendant plusieurs jours après les congés d'été pour adapter sa production aux retards d'homologation.

Le constructeur a également loué des espaces supplémentaires pour stocker des véhicules en attente de validation.

Un autre risque pour le groupe vient du conflit commercial international généré par les menaces de droits de douane supplémentaires agités par le passé par le président américain Donald Trump.

M. Diess s'est dit «content que la relation entre les États-Unis et l'Union européenne semble se détendre» depuis les négociations fin juillet à Washington entre M. Trump et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Mais il estime néanmoins que «le protectionnisme grandissant est un défi majeur pour l'industrie automobile».

La Maison-Blanche avait chargé fin mai Wilbur Ross de déterminer l'opportunité d'imposer des taxes supplémentaires allant jusqu'à 25 % sur l'automobile.

Washington et Bruxelles ont cependant désamorcé fin juillet la crise née des tarifs douaniers imposés par les États-Unis, annonçant leur volonté de supprimer la quasi-totalité de ces tarifs.

L'administration Trump a alors confirmé qu'il n'y aurait pas de taxes douanières sur le secteur automobile européen pendant la durée des négociations.

Ramifications du «dieselgate»

En attendant, grâce à un chiffre d'affaires en hausse et un bond de 22,7 % du résultat opérationnel, Volkswagen a dégagé un profit majeur au deuxième trimestre malgré 1,6 milliard d'euros de charges liées au scandale des moteurs diesel truqués.

Le groupe avait admis en 2015 avoir trafiqué 11 millions de ses voitures diesel pour masquer le niveau réel de leurs émissions les plus toxiques, plongeant le secteur automobile allemand dans une vaste crise d'image.

Le constructeur tente depuis de tourner définitivement la page de ce scandale, mais les autorités allemandes ont arrêté en juin le patron de la marque Audi, mis en cause dans ce dossier. Une multitude d'enquêtes sont également encore en cours.

En juin, Volkswagen avait ainsi annoncé avoir accepté de payer un milliard d'euros d'amende en Allemagne dans le cadre d'une des procédures. À cette somme s'ajoutent 600 millions en frais de justice, a détaillé Frank Witter, directeur financier du groupe.

Jusqu'à présent, le «dieselgate» a coûté à VW au total plus de 27 milliards de dollars en rappels de véhicules et procédures judiciaires, a ajouté M. Witter.

«D'un point de vue actuel nous nous sommes prémunis contre l'ensemble des risques prévisibles» liés au «dieselgate», a affirmé M. Witter.

Mais des surprises judiciaires peuvent notamment venir d'un procès qui s'ouvre cet automne opposant des investisseurs à Volkswagen, accusé de ne pas avoir communiqué assez tôt sur le scandale.

Malgré un deuxième semestre à venir «volatil», selon M. Witter, le groupe a confirmé ses objectifs pour l'année, et dit s'attendre à une progression du chiffre d'affaires de «jusqu'à 5 %». Le bémol se trouve dans la marge opérationnelle, où la prévision ne prend pas en compte d'éventuels facteurs exceptionnels.

En incluant des éléments comme le paiement des 1,6 milliard d'euros, la donnée devrait ressortir «légèrement inférieure» à ce qui avait été annoncé, une nuance perçue par les investisseurs: à la Bourse de Francfort, vers 7h30 HE, Volkswagen reculait de 1,58 à 149,82 euros dans un marché en baisse de 0,30 %.