Le géant sud-coréen Samsung Electronics a tablé vendredi sur une hausse de 5,2% de son bénéfice opérationnel trimestriel, un résultat inférieur aux attentes en raison de ventes de smartphones moins florissantes dans un contexte de concurrence féroce.

Entre avril et juin, le résultat opérationnel du plus grand fabricant mondial de smartphones et de puces mémoires est ressorti à 14 800 milliards de wons (11,3 milliards d'euros). C'est plus que les 14 070 milliards de wons du deuxième trimestre 2017, mais moins que le bénéfice opérationnel record de 15 640 milliards de wons du premier trimestre.

Cette prévision se situe dans le bas de la fourchette des estimations des analystes, qui anticipaient en moyenne un chiffre de 15 300 milliards de wons.

«C'est un peu décevant», a déclaré à l'AFP Ko Gyeong-beom, analyste chez Yuanta Securities Korea.

Les ventes sont estimées à 58 000 milliards de won, en recul de 4,9% sur an.

Selon des sources au sein de l'industrie, la vente de smartphones marque le pas dans un contexte de concurrence exacerbée. En outre, les coûts du marketing pour les nouveaux produits mobiles rognent sur la rentabilité du secteur.

«Les exportations et les coûts du smartphone phare de Samsung, le Galaxy 9, sorti au premier trimestre, sont inférieurs aux attentes», explique Yoo Jong-woo, analyste chez Korea Investment & Securities.

La tendance devrait se poursuivre au troisième semestre à cause de la concurrence du grand rival américain Apple s'agissant du haut du panier et de rivaux chinois pour les smartphones meilleur marché.

Le département des écrans accuse aussi le coup, avec en particulier l'affaiblissement des prix des LCD (écrans à cristaux liquides), expliquent les spécialistes.

Porté par les puces mémoires

Malgré tout, les résultats sont soutenus par l'appétit des clients pour les puces mémoires. Samsung domine le marché mondial après avoir investi des dizaines de milliards d'euros pour construire et agrandir ses usines. Son département des semi-conducteurs produit des puces non seulement pour les appareils Samsung, mais aussi pour ses concurrents comme Apple.

Les semi-conducteurs devraient continuer d'avoir le vent en poupe au troisième trimestre grâce aux prix toujours ascendants des puces DRAM employées dans les serveurs.

Ce secteur devrait continuer à jouer le rôle de locomotive, et celui des écrans se porter mieux. «Samsung connaîtra une amélioration spectaculaire de ses résultats au troisième trimestre», a prédit Greg Roh, analyste chez HMC Investment & Securities.

«Nous nous attendons à un profit opérationnel de 17 000 milliards de wons au troisième trimestre», a-t-il dit à l'AFP.

Park Won-jae de Mirae Asset Daewoo a aussi dépeint un tableau idyllique, citant les puces mémoire et les écrans.

De manière générale, le navire amiral du groupe Samsung a opéré un revirement spectaculaire après deux années noires.

En 2016, le groupe avait dû affronter un scandale humiliant de rappel planétaire de son Galaxy Note 7 pour cause de batteries explosives. En 2017, son vice-président Lee Jae-yong, héritier de la famille fondatrice du mastodonte, avait été emprisonné pour son rôle dans le retentissant scandale de corruption qui a emporté l'ancienne présidente Park Geun-hye.

Samsung communiquera son bénéfice net et le rendement de ses entreprises secteur par secteur lors de la publication de son rapport final sur les bénéfices, attendu plus tard dans le mois.

Le titre perdait 1,63% dans les échanges de la matinée. La valorisation boursière de Samsung Electronics a reculé de 13% depuis début mai, date d'une opération de fractionnement du titre visant à permettre aux petits porteurs de rentrer au capital.

Parallèlement, le régulateur exige de Samsung Life Insurance, le bras financier du groupe Samsung, de vendre une part non négligeable des 8,23% qu'il détient dans Samsung Electronics dans le cadre des efforts du gouvernement pour limiter le pouvoir des influents conglomérats sud-coréens.