Le spécialiste des produits d'emballage durables Plastiques IPL effectuait jeudi un retour à la Bourse de Toronto, et son action a clôturé sa première séance en baisse de 1,48 % par rapport à son cours de lancement.

C'est un homme soulagé qui a quitté Montréal, hier, pour rentrer chez lui en Irlande afin de retrouver ses proches, maintenant que le retour en Bourse de l'entreprise montréalaise Plastiques IPL est chose faite.

Même s'il est habitué de voyager, le grand patron d'IPL, l'Irlandais Alan Walsh, vient de vivre un mois de juin plutôt intense.

Du 4 au 20 juin, l'homme de 41 ans, père de trois enfants, a rencontré plus d'une centaine d'investisseurs sur deux continents. La tournée (« roadshow ») servant à mousser les actions d'IPL, en prévision de l'inscription de l'entreprise à la Bourse de Toronto.

« La tournée a suscité beaucoup d'intérêt. Nous avons passé la première semaine de juin à Toronto et Montréal, puis nous sommes allés en Europe. Après Dublin et Paris, nous sommes allés à New York et Boston avant de revenir au Canada pour la dernière semaine [à Vancouver, Calgary, Winnipeg et Toronto] », raconte Alan Walsh.

« Tu te lèves tôt. Tu entres dans une voiture. Et tu te rends à une première rencontre d'une durée moyenne de 45 à 50 minutes. L'horaire est serré et chargé. Il n'y a pas une minute à perdre pour se rendre au rendez-vous suivant », dit-il.

Il y a typiquement huit rencontres du genre par jour durant le « roadshow » et le midi, le repas se prend en groupe, dit le gestionnaire. Après la dernière présentation de la journée, une voiture amenait Alan Walsh à l'aéroport. Il sautait dans un avion afin de se rendre dans la ville suivante.

Il devait être prêt à commencer ses journées dès 6 h et il pouvait rarement être au lit avant minuit.

Il faut dire toutefois qu'Alan Walsh est un habitué des voyages. Même si le siège social d'IPL est officiellement à Montréal, Alan Walsh réside à Dublin. Le comptable de formation soutient qu'il passe peu de temps au bureau. « Nous avons 14 usines réparties en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et en Chine. Je suis constamment sur la route. »

Un marché de 150 milliards

« Un élément clé de nos présentations consistait à expliquer ce qu'on fait, quelles sont les opportunités, notre stratégie et raconter l'histoire de l'entreprise », dit-il.

Spécialisée dans les produits d'emballage et les contenants en plastique rigides (notamment les bacs roulants pour déchets), IPL effectue un retour en Bourse. Ses actions avaient originalement été inscrites à la Bourse de Montréal en 1985. Après 25 ans en Bourse, le capital de l'entreprise avait été fermé, il y a huit ans, à la suite d'une opération impliquant le Fonds de solidarité FTQ et Novacap, une firme d'investissement de Longueuil qui a vendu sa participation dans IPL il y a trois ans.

IPL a depuis ce temps procédé à quelques transactions et rationalisé ses activités. La direction croit qu'il existe des occasions « importantes » de croissance au moyen d'acquisitions en raison de la nature fragmentée du secteur des emballages de plastique rigide durables. La taille de ce marché est évaluée à 150 milliards.

Il estime que les investisseurs institutionnels ont obtenu environ 80 % des actions émises pour l'inscription en Bourse et que le reste a été alloué aux petits investisseurs.

« Nous venons de réaliser une opération plutôt complexe puisqu'il ne s'agit pas d'un traditionnel premier appel public à l'épargne en raison de l'historique de l'entreprise. Nos actions se transigeaient depuis quelques années sur le marché secondaire en Irlande, mais pas sur une Bourse reconnue. »

L'inscription à Toronto est effectuée, dit-il, pour mettre en place la structure appropriée qui permettra à l'entreprise de poursuivre sa croissance. En clair, l'argent récolté auprès des investisseurs permettra de réduire l'endettement, et le fait d'être en Bourse donne un meilleure accès à des capitaux pour, par exemple, réaliser des acquisitions.

Alan Walsh prévoit qu'IPL générera dans les prochaines années une croissance interne supérieure à celle du marché.

Puisque le TSX est beaucoup concentré en titres des secteurs financier et des ressources, Alan Walsh souligne qu'IPL offrira une occasion aux investisseurs de diversifier leur portefeuille. « Nous sommes différents. Nos concurrents sont essentiellement des entreprises à capital fermé. Il n'y a véritablement que deux entreprises comparables à la Bourse de Toronto - CCL et Winpak - , mais nous ne sommes pas en concurrence avec ces deux entreprises. »

Un retour discret

Le retour en Bourse d'IPL a été plutôt discret hier. L'action a clôturé sa première séance en repli de 1,5 %, à 13,30 $, à la Bourse de Toronto.

« Les marchés sont très volatils présentement. Il y a beaucoup de nervosité. Nous n'attendions pas de feux d'artifice et, honnêtement, ce n'est pas ce que nous souhaitions », dit Alan Walsh.

Le prix initial de l'action avait été fixé à 13,50 $, au bas de la fourchette de 13,50 $ à 16,00 $ présentée aux investisseurs au cours des dernières semaines.

L'émission d'actions rapporte un montant brut de près de 200 millions à IPL. C'est le plus important premier appel public à l'épargne au Québec depuis celui de BRP (262 millions) il y a cinq ans.

Plastiques IPL en bref



Produits : bacs roulants, contenant alimentaires, contenants de manutention, etc.

Siège social : Montréal

Revenus annuels : 536 millions

Profits nets : 23 millions

Principaux actionnaires : Caisse de dépôt (28 %), Fonds de solidarité FTQ (6 %)

Nombre d'employés : 2400 (28 % syndiqués)

Nombre de clients : 5300 (dont Home Depot, Lowe's, Kraft Heinz)