La papetière Cascades est prête à augmenter sa consommation de papier recyclé provenant du Québec, mais elle ne pourra le faire si la qualité de la matière première ne s'améliore pas.

«On pourrait consommer plus de fibre ici présentement si elle était de la bonne qualité, mais il faut accélérer l'investissement des centres de tri qui ne se sont pas modernisés pour avoir une meilleure fibre», a indiqué le président et chef de la direction, Mario Plourde, lors d'une rencontre avec les médias, jeudi, à l'issue de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise au Vieux-Port de Montréal.

«Quand on fait un produit de qualité, on trouve des clients, quand on fait de la mauvaise qualité, souvent, on est limité à certains marchés. Le marché de la récupération ne diffère pas des autres marchés», a-t-il fait valoir en référence aux centres de tri dont le papier récupéré est inutilisable en raison de la contamination par d'autres matières et qui s'accumule depuis que la Chine a décidé qu'elle n'en voulait plus.

M. Plourde a également ajouté une autre condition, soit une meilleure sensibilisation du public.

«Il faut commencer à éduquer davantage nos gens à la maison. Qu'est-ce qu'on peut mettre dans le bac et comment le mettre dans le bac pour faciliter la diminution des contaminants au centre de tri ?»

Titre sous-évalué

Certains actionnaires se sont interrogés sur la diminution de la valeur du titre, qui avait atteint les 18 $ en juillet 2017 et qui se situait aux environs de 12 $ au moment de l'assemblée, une baisse qui n'inquiète nullement la haute direction.

Selon Mario Plourde, la baisse est en grande partie attribuable à la réticence de certains actionnaires face à la stratégie d'investissements massifs de l'entreprise pour adapter sa production, moderniser ses équipements et solidifier ses secteurs d'activité.

«Certains actionnaires comprennent très bien, mais il y a d'autres actionnaires qui pensent peut-être à plus court terme et qui, eux, disent qu'on met peut-être trop d'investissements dans l'entreprise et, donc, ne voient pas d'un bon oeil le fait qu'on ait augmenté le niveau d'investissement cette année.»

L'entreprise n'est pas intimidée pour autant par cette réaction de certains analystes et investisseurs et estime son action «tout à fait» sous-évaluée, selon Mario Plourde.

Celui-ci a précisé que les choix de l'entreprise s'avèrent gagnants, soit de se concentrer sur les papiers hygiéniques, qui sont en croissance, et les cartons d'emballage, qui sont aussi en forte croissance.

«Le commerce électronique favorise énormément les emballages; la consommation d'emballages augmente de 2 % à 3 % par année présentement et, donc, tout ce qui a va être transporté et expédié par la poste, dans des boîtes, augmente la quantité de boîtes utilisées», a-t-il fait valoir.

Par contre, Cascades doit maintenant étendre cette stratégie à son secteur tissu. «On a peut-être trop tardé dans le tissu et maintenant, il faut faire du rattrapage», a-t-il reconnu, précisant que l'entreprise prévoit y investir 125 millions en 2018.

À un actionnaire qui se demandait si l'entreprise, à une telle valeur, était convoitée par d'éventuels acheteurs, c'est le président exécutif du conseil d'administration, Alain Lemaire, qui a répondu un non catégorique. «Les frères (Lemaire) et d'autres actionnaires importants ne souhaitent pas que Cascades soit vendue. Nous sommes loin de l'idée de disposer», a-t-il dit.

Puis, comme il fait souvent dans le passé, il a répété que «les frères ont construit Cascades pour les employés, pour le Québec et ça ne devrait pas être vendable».

Rémunération raisonnable

Pour une rare fois, un représentant du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) s'est présenté au micro non pas pour dénoncer la rémunération des hauts dirigeants de l'entreprise et exiger une plus grande reddition de comptes - démarche qui est habituellement rejetée par les actionnaires - mais bien pour appuyer la politique de rémunération.

«Très rarement, mais alors là, très rarement, on appuie une politique de rémunération», a dit Willie Gagnon, du MÉDAC, en prenant la parole.

«Vous êtes vraiment meilleurs que les autres sur ce plan-là», a-t-il dit, faisant état d'un ratio salarial de 33 entre le grand patron et le salaire moyen des employés, c'est-à-dire que le président gagne 33 fois le salaire moyen de ses employés. Le MÉDAC estime qu'un ratio acceptable doit se situer entre 20 et 30.

«Ça veut peut-être dire que mon salaire est trop bas !», a lancé à la blague Mario Plourde par la suite aux journalistes.

Résultats

Le bénéfice net de Cascades a fondu à 61 millions ou 65 cents par action au premier trimestre, comparativement à 161 millions ou 1,70 $ par action au même moment l'an dernier.

Son bénéfice ajusté est demeuré inchangé à 12 millions ou 13 cents par action.

Ses ventes trimestrielles sont passées de 1 milliard en 2017 à 1,1 milliard cette année.

Cette amélioration de 9 % est attribuée à la hausse de 22 % de la division de carton-caisse, reflétant la consolidation de l'usine Greenpac et la hausse des prix de vente moyens au cours de la période, ainsi qu'à la hausse de 17 % des ventes du segment carton plat en Europe à la suite de l'augmentation des prix de vente moyens et de l'acquisition de PAC Service en janvier 2018.

Le conseil d'administration de Cascades a déclaré un dividende trimestriel de 4 cents par action, payable le 6 juin 2018 aux actionnaires inscrits, en fermeture de séance, le 23 mai 2018.