La saga Xerox/Fujifilm a rebondi avec l'annonce par le groupe américain de reprographie qu'il ne mettrait pas en oeuvre l'accord conclu mardi avec deux de ses actionnaires et qui prévoyait notamment la démission de son PDG.

Dans un communiqué diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi, Xerox a indiqué que «l'accord trouvé avec Carl Icahn et Darwin Deason le 1er mai avait expiré comme prévu par les termes fixés».

Cet accord prévoyait notamment la démission de l'actuel PDG Jeff Jacobson et l'arrêt de la fusion en cours avec le japonais Fujifilm. Six membres du Conseil d'administration devaient également être remplacés par d'autres, favorables à MM. Icahn et Deason. Mais il exigeait en retour que M. Deason retire la plainte qu'il avait déposée.

«En l'absence d'une telle décision, l'accord a expiré jeudi soir à 20h», indique Xerox dans un communiqué. «En conséquence, le conseil d'administration et la direction actuelle resteront en place», indique Xerox.

Carl Icahn et Darwin Deason ont estimé en réaction à cette annonce que le conseil d'administration de Xerox portait la responsabilité de la non-application de l'accord conclu, «violant une fois encore ses responsabilités à l'égard des actionnaires de Xerox en poursuivant égoïstement son propre intérêt».

«Ce nouveau développement inexplicable n'arrive que pour une seule raison: Le conseil d'administration de Xerox a refusé d'appliquer l'accord conclu avec les changements de direction et de gestion prévus en exigeant de nouvelles conditions dans son seul intérêt», accusent les deux actionnaires dans une lettre ouverte aux actionnaires de Xerox.

Ils y font part de leur intention de poursuivre leurs actions pour obtenir le départ de M. Jacobson et de certains membres du conseil d'administration et «de nous assurer que Fujifilm soit tenu pour responsable d'avoir aidé et encouragé ces administrateurs à violer leurs responsabilités».

Actionnaires lésés?

Il s'agit d'un énième rebondissement dans la lutte qui oppose MM. Deason et Icahn à M. Jacobson, déclenchée par la décision de ce dernier de fusionner le groupe avec Fujifilm.

Un juge américain avait temporairement bloqué cette opération il y a une semaine, affirmant qu'elle n'était pas dans l'intérêt des actionnaires de l'entreprise américaine et servait essentiellement les intérêts de M. Jacobson. Il donnait ainsi raison à M. Deason, qui avait déposé la plainte soutenu par Carl Icahn, l'un des investisseurs légendaires de Wall Street.

L'accord de fusion, annoncé fin janvier, prévoyait que Xerox se fonde dans la société commune Fuji Xerox, déjà existante, passant de fait sous le contrôle du groupe japonais, qui possédait jusqu'ici 75% des titres de la coentreprise.

À l'issue de la transaction, Fujifilm devait contrôler 50,1% de Fuji Xerox, contre 49,9% pour les actionnaires existants de Xerox, qui devaient recevoir un dividende exceptionnel de 2,5 milliards de dollars en numéraire

Mais MM. Deason et Icahn estimaient que cette opération lésait les actionnaires de Xerox qui auraient pu être mieux rémunérés si le groupe avait cherché un autre acquéreur.

Ils reprochaient également à Xerox et Fujifilm d'avoir signé en 2001 un accord secret stipulant que toute prise de contrôle de Xerox par un autre investisseur que Fujifilm permettrait à la firme japonaise de sortir de la société commune Fuji Xerox.

L'accord conclu le 1er mai, désormais caduc, prévoyait également que Xerox cherche un autre acquéreur à de meilleures conditions.

Fujifilm avait réagi en faisant part de ses «sérieuses inquiétudes» et jugé que la nouvelle équipe qui devait être mise en place avait «l'obligation de se conformer aux accords signés par les deux compagnies le 31 janvier».