Le constructeur aéronautique américain Boeing, dont des avions ont été affectés récemment par des incidents de moteurs, s'est montré optimiste mercredi en relevant sa prévision annuelle après un premier trimestre marqué par des livraisons record d'appareils commerciaux.

La confiance de l'avionneur balaie quelque peu les inquiétudes sur l'impact d'une guerre commerciale et apaise les craintes sur les difficultés rencontrées par ses fournisseurs pour suivre ses augmentations de cadences de production.

Elle éloigne également le spectre de charges supplémentaires liée à de nouveaux retards pris dans la production de l'avion ravitailleur KC-46.

«Nous sommes optimistes quant au fait que les discussions (commerciales) entre les États-Unis et la Chine débouchent sur une issue positive», a déclaré le PDG Dennis Muilenburg, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes.

Il a notamment qualifié «d'indicateur positif» le déplacement «la semaine prochaine» en Chine du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.

Boeing, qui a dégagé un bénéfice net trimestriel de 2,48 milliards de dollars, en hausse de 57 % sur un an, a en outre minimisé les conséquences de la hausse des cours de matières premières et des métaux après que l'administration Trump a décidé d'imposer des taxes supplémentaires sur des importations d'acier et d'aluminium.

Son compatriote Caterpillar avait été puni mardi à Wall Street après avoir mis en garde contre une possible hausse des prix de l'acier.

«Nous ne voyons pas d'impact matériel pour le moment. Nous avons des contrats avec nos fournisseurs (...) sur plusieurs années», a expliqué M. Muilenburg.

Augmentation des cadences

Interrogé sur les risques pour la production du 777 en cas de retrait des États-Unis de l'accord nucléaire iranien, le dirigeant s'est voulu rassurant: «Le taux de production que nous avons mis en place pour ne dépend pas des commandes iraniennes».

IranAir a passé une commande de quinze appareils 777, modèle devant bientôt céder la place au 777X, une version plus moderne.

Les gros profits de Boeing ont été nourris par de solides revenus, le constructeur aéronautique ayant vu son chiffre d'affaires progresser de 6,5 %, à 23,38 milliards de dollars, contre 22,24 milliards anticipés.

La division aviation civile, BCA, a enregistré une hausse de ses revenus de 5,4 %, à 13,65 milliards, tandis que l'augmentation est de 12,7 %, à 5,76 milliards, pour les opérations militaires et spatiales, BDS.

Qualifié de relais de croissance, le pôle regroupant les services - maintenance des appareils, logistique, formation et analyse de données, etc. - a enregistré une hausse de 7,9 % de ses revenus à 3,94 milliards de dollars.

Cette bonne santé de l'activité s'explique notamment par une hausse de 9 % des livraisons d'appareils civils, à 184 unités au total. Le constructeur aéronautique entend livrer entre 810 et 815 appareils en 2018, soit au moins 47 avions de plus comparé à 2017 (763 appareils), qui était une année record.

La hausse des livraisons est le résultat de l'augmentation des cadences de production ces derniers mois pour tenter d'alléger un carnet de commandes rempli (5800 appareils au 31 mars évalués à 486 milliards de dollars). Boeing produit depuis peu quatorze avions 787 par mois contre douze auparavant.

Rien sur les moteurs

À Wall Street, le titre gagnait 2,16 % à 336,32 dollars vers 12h55.

Fort de sa solide performance trimestrielle, Boeing a relevé ses prévisions annuelles et dit tabler désormais sur un bénéfice par action compris entre 14,30 et 14,50 dollars pour l'ensemble de l'année, contre 13,80 à 14 dollars précédemment.

La marge opérationnelle dans l'aviation civile passe de 11 à 11,5 %, tandis que les flux de trésorerie disponible, indicateur mesurant la capacité de l'entreprise à financer ses investissements et à distribuer des dividendes à ses actionnaires, seront compris entre 15 et 15,5 milliards de dollars contre 15 milliards auparavant.

Boeing a par ailleurs décidé d'augmenter les cadences de production du programme 767 de 2,5 à 3 appareils par mois à partir de 2020, pour répondre à la hausse du trafic mondial de fret et contrer Airbus qui n'exclut pas de lancer une version cargo de l'A320neo après des discussions avec Amazon et UPS.

Il n'a en revanche pas évoqué dans son communiqué les différents incidents de moteurs affectant ses modèles 737, sa vache à lait, et le long-courrier 787.

La FAA, le régulateur aérien américain, a limité récemment l'utilisation des 787 équipés de moteurs Rolls-Royce Trent 1000 après une série d'incidents due à une usure prématurée des pales de turbines pouvant entraîner une rupture en vol.

Le régulateur a également exigé des inspections d'urgence de certains moteurs de la famille CFM56 (General Electric/Safran) équipant des 737 à la suite de l'accident d'un vol reliant New York à Dallas ayant fait un mort la semaine dernière.