La transformation stratégique de Transcontinental a franchi une étape importante lundi, lorsque l'entreprise a annoncé avoir réalisé sa plus grande acquisition dans le secteur de l'emballage souple, une transaction qui diminuera le rôle de ses activités d'imprimeur commercial - la pierre angulaire de l'entreprise depuis sa création, il y a 42 ans.

L'acquisition de Coveris Americas, évaluée à 1,32 milliard $ US, fera de Transcontinental la septième société du secteur nord-américain de l'emballage souple au chapitre des revenus.

L'entente annoncée lundi, au terme d'une longue enchère, complète et bonifie l'offre de Transcontinental, particulièrement pour ce qui est des produits laitiers, de la nourriture pour animaux et des produits de consommation, en plus de lui permettre d'entrer dans les marchés de l'agriculture, des boissons et des protéines, a expliqué le chef de la direction de TC Transcontinental, François Olivier.

«Nous allons diversifier nos capacités d'emballage et notre offre de produits, ce qui nous permettra d'améliorer la part de notre portefeuille avec nos clients existants», a-t-il estimé lors d'une conférence téléphonique.

Selon M. Olivier, la base de clients de Transcontinental sera élargie et comprendra désormais de grands clients qui sont des chefs de file dans leur marché.

L'entente en espèces, qui équivaut à environ 1,72 milliard $ CAN, permettra aux deux entreprises de regrouper leurs forces respectives, a-t-il estimé.

Transcontinental estime qu'elle pourra réaliser des économies de coûts de 20 millions $ US sur une période de 24 mois, soit environ 10 millions $ par année.

À la fin de 2017, Coveris Americas, établie à Chicago, comptait plus de 3100 employés répartis dans 21 installations de production à travers le monde, dont 14 aux États-Unis et une à Whitny, en Ontario, de 140 employés. Les autres installations se trouvent en Équateur, au Guatemala, au Mexique, au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande et en Chine.

Il pourrait être possible d'importer aux États-Unis une technologie utilisée par Coveris en Amérique du Sud qui intègre aux plastiques utilisés par les agriculteurs des ingrédients actifs pour protéger leurs récoltes, a expliqué M. Olivier.

Transcontinental compte plus de 1000 employés dans ses sept installations d'emballage - incluant une dont l'acquisition a été annoncée le mois dernier, et deux au Canada, qui comptent 180 employés.

Les revenus de Coveris ont atteint 966 millions $ US l'an dernier, tandis que son bénéfice d'exploitation avant impôts et autres dépenses s'est chiffré à 128 millions $ US.

«Cette transaction vient cristalliser notre virage stratégique vers l'emballage souple et solidifier notre engagement envers notre croissance profitable», a déclaré dans un communiqué la présidente du conseil de Transcontinental, Isabelle Marcoux.

L'entente avec Coveris est assujettie aux approbations des autorités antitrust et devrait être conclue en juillet.

Plus grande part à l'emballage

Selon l'analyste Drew McReynolds, de RBC Dominion valeurs mobilières, l'entente augmente l'exposition de Transcontinental au secteur de l'emballage.

«Nous croyons que cette transaction est complètement conforme à la transition de l'entreprise de l'édition à l'emballage, ainsi qu'à son désir de réaliser une plus grande acquisition», a-t-il écrit dans un rapport.

L'action de Transcontinental a bondi lundi de 2,47 $, soit 9,7 pour cent, à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 27,92 $.

La société montréalaise a acquis les nouveaux actifs d'emballage auprès de Coveris Holdings SA, une multinationale de plus de 8000 employés qui détiendra toujours des installations de fabrication dans 14 pays.

En tenant compte de la transaction, 48 pour cent des revenus de Transcontinental de 3,3 milliards $ en 2017 et 37 pour cent de son bénéfice d'exploitation ajusté de 564 millions $ auraient été attribuables à ses activités d'emballage.

En fait, les activités d'emballage de Transcontinental ne comptaient l'an dernier que pour 15 pour cent des revenus et 11 pour cent du bénéfice d'exploitation ajusté.

Les activités d'impression auraient représenté 45 pour cent des revenus pro forma et 59 pour cent des profits d'exploitation ajustés, tandis que celles des médias auraient compté pour sept pour cent des revenus et quatre pour cent du bénéfice d'exploitation ajusté.

Selon M. Olivier, Transcontinental prendra maintenant une pause au chapitre des acquisitions et rachètera une partie de ses actions tout en procédant à l'intégration des activités et en réduisant le poids de sa dette d'ici 2020.

Il s'attend à ce que Transcontinental fasse croître les activités de Coveris, qui étaient minées par certaines difficultés, après avoir dépensé notamment 140 millions $ US en immobilisations pour acheter du nouveau matériel pendant trois ans.

«Nous croyons que nous achetons ces actifs au bon moment et avec le regroupement de nos équipes (...) Nous allons avoir un plus grand succès sur le marché et je crois que nous pourrons ramener les actifs de Coveris sur le chemin de la croissance», a affirmé M. Olivier aux analystes.