Deux jours après le tollé soulevé par la cessation de ses liens d'emploi avec des personnes handicapées, Walmart tente de réparer les pots cassés en s'excusant « de la confusion » et en déclarant qu'elle désire employer directement ces personnes, plutôt que de passer par des programmes spécifiques.

Sans expliquer pourquoi il a mis fin à sa participation au Programme de formation professionnelle volontaire, qui offre une expérience de travail aux personnes vivant avec un handicap, le géant américain Walmart assure que son objectif « a toujours été de travailler à trouver d'autres solutions » pour maintenir ces personnes au sein des équipes de ses magasins.

« Nous nous excusons sincèrement pour la façon dont cette situation a été gérée et la confusion que nous avons causée. Notre objectif a toujours été de travailler à trouver d'autres solutions », a affirmé à La Presse le vice-président aux affaires corporatives de Walmart Canada, Robert Nicol.

« Au Québec, nous soutenons la formation professionnelle pour les personnes ayant des déficiences depuis de nombreuses années et nous nous engageons fermement à continuer à le faire dans le futur. »

Aux questions de La Presse qui lui demandait pourquoi la chaîne avait tardé à rectifier le tir et à affirmer qu'il s'agissait d'un « malentendu », quels étaient les moyens envisagés pour continuer d'engager des personnes avec des déficiences et combien pouvaient espérer grossir à nouveau les rangs de l'entreprise, Walmart a laconiquement répondu par courriel par l'entremise de son porte-parole : « Nous voulons travailler avec les agences locales pour trouver les meilleurs arrangements possibles pour l'ensemble des participants, et cela comprend l'emploi direct. »

GAÉTAN BARRETTE N'Y CROIT PAS

Walmart a ainsi clamé, hier, qu'elle entendait réembaucher certaines de ces personnes qui deviendraient des employés de la chaîne à part entière. Une déclaration qui laisse sceptique le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

« Je n'ai qu'un seul message pour la direction de Walmart : je ne vous crois pas », a écrit le ministre sur son compte Twitter, hier après-midi, sans vouloir commenter davantage la situation. 

La veille, ce dernier joignait sa voix à celle de la ministre déléguée à la Réadaptation, Lucie Charlebois, pour dénoncer une « décision désolante et injustifiée » de la part de Walmart.

À Québec, un OSBL dont 180 des 260 employés sont des personnes handicapées tend la main à celles qui ont perdu leur emploi cette semaine. L'organisme est en pleine expansion et aura bientôt besoin de recruter massivement.

« La mission de notre entreprise, c'est d'embaucher des personnes handicapées. Alors quand on a vu ça cette semaine... On s'engage à embaucher l'ensemble des employés de la région de Québec qui ont été cavalièrement congédiés par Walmart. »

- Gabriel Tremblay, directeur général de Groupe TAQ

L'OSBL offre des services de sous-traitance dans les secteurs de l'alimentaire, de l'industrie pharmaceutique et de l'assemblage industriel.

M. Tremblay a consacré les trois dernières décennies à l'intégration au marché du travail de personnes avec des limitations. Il convient que l'adaptation comporte son lot de défis, mais ajoute que ses employés sont « extraordinaires » et qu'avec « un bon encadrement, ils assurent une belle productivité, notamment parce qu'ils se sentent respectés, souvent pour la première fois de leur vie ».

« Ce sont de véritables salariés. Des entreprises comme la nôtre, il y en a une quarantaine partout au Québec. J'espère que mes collègues aussi vont leur ouvrir la porte », a-t-il déclaré.

APPEL AU BOYCOTTAGE À UN WALMART DE LAVAL

Des membres du collectif Boycottons les entreprises sans coeur ont tenu une activité de mobilisation, hier en matinée, dans le stationnement d'un Walmart de Laval situé à l'angle des autoroutes 19 et 440. Ils distribuaient des dépliants aux clients du Walmart et les invitaient à boycotter la chaîne de grandes surfaces. « Tout le monde à qui on parlait était d'accord, les gens étaient réceptifs et il y en a qui ont rebroussé chemin », a expliqué l'instigateur du mouvement, Colin Pratte. « On est très conscients qu'on ne mettra pas Walmart en faillite avec notre appel au boycottage, mais on voudrait les faire plier pour qu'ils reviennent sur leur décision. » Les militants ont pu rester sur place un peu plus d'une heure, après quoi ils ont été sommés de quitter les lieux.