Le Fonds de placement immobilier Cominar accélère son virage amorcé l'an dernier en remaniant son conseil et ses pratiques de gouvernance tout en se rapprochant de Montréal, en plus de réévaluer sa relation d'affaires avec le Groupe Dallaire.

En dévoilant sa stratégie visant à créer un «Cominar 2.0», jeudi, le président et chef de la direction du gestionnaire immobilier, Sylvain Cossette, a également annoncé une baisse de 35 % de la distribution mensuelle.

«C'est une phase initiale de transformation, a-t-il expliqué au cours d'un entretien avec La Presse canadienne après le dévoilement des résultats du quatrième trimestre. C'est mon empreinte et ma vision. C'est notre chemin vers la croissance.»

Aux commandes de la société établie à Québec depuis janvier, M. Cossette, un Montréalais, souhaite notamment se rapprocher de la métropole, où se trouve environ 54 % du portefeuille de Cominar.

Cela ne signifie pas de déplacer le siège social et de quitter la Vieille-Capitale, a-t-il assuré, mais plutôt de profiter de «l'élan économique» de Montréal, où les projets immobiliers d'envergure sont au rendez-vous, ainsi que du vaste «bassin de talent».

«Environ la moitié de notre main-d'oeuvre se trouve à Montréal, a expliqué le grand patron de Cominar. J'habite à Québec, mais on doit s'attarder à la métropole.»

Au cours de la prochaine année, le gestionnaire immobilier et le Groupe Dallaire - dirigé par Michel Dallaire, qui a quitté la présidence du conseil de Cominar le mois dernier - devraient voir leur relation d'affaires diminuer.

Étant l'unique client du Groupe Dallaire à Montréal, Cominar compte absorber une partie des activités montréalaises de construction de son partenaire à l'interne.

«Ce n'est pas un désaveu, a assuré M. Cossette. Nous allons développer des liens avec d'autres partenaires. Dans notre milieu, c'est fréquent pour des sociétés immobilières de conclure des partenariats avec divers tiers.»

À Québec, Cominar compte aussi élargir ses relations d'affaires avec d'autres acteurs du milieu de la construction.

Toujours en réflexion

L'an dernier, Cominar avait amorcé un repositionnement en se délestant d'environ 100 propriétés. L'entreprise évalue actuellement la possibilité de vendre pour 1 milliard à 1,5 milliard d'immeubles dans ses principaux marchés, soit Montréal, Québec et Ottawa.

Avant de faire le point sur les prochaines initiatives, M. Cossette compte discuter de sa stratégie avec les trois nouveaux membres du conseil, Paul Campbell, René Tremblay et Heather Kirk.

«C'est important pour moi d'avoir l'occasion d'échanger afin de déterminer quelle devrait être la taille de Cominar», a-t-il dit.

Le portefeuille de Cominar est actuellement constitué de 523 immeubles représentant près de 44,4 millions de pieds carrés au Québec, en Ontario, dans les provinces de l'Atlantique ainsi que dans l'Ouest canadien.

«Nous croyons que les nombreuses initiatives annoncées au cours des derniers mois devraient améliorer les perspectives à long terme du fonds de placement immobilier», a commenté l'analyste Brad Sturges, d'Industrielle Alliance Valeurs mobilières, dans une note.

Une charge qui pèse

Quant à sa performance au quatrième trimestre terminé le 31 décembre, Cominar a affiché une perte nette de 581 millions, alors qu'à la même période l'an dernier, son bénéfice net avait été de 23,3 millions.

Ce résultat s'explique essentiellement par une charge de réduction de valeur de 616 millions comptabilisée. Une somme de 288 millions est attribuable aux propriétés vendues l'an dernier à Slate Acquisitions. Ses produits d'exploitation ont été de 207,4 millions, en recul d'environ 1,4 %.

De son côté, le taux d'occupation s'établissait à 92,6 % en date du 31 décembre dernier, alors qu'il était de 92,4 % au même moment en 2016.

Quant à la distribution mensuelle, Cominar a annoncé une baisse de 9,5 cents par part à 6 cents afin de bénéficier d'une plus grande flexibilité. M. Sturges a estimé que Cominar avait agi de manière prudente, étant donné que le ratio de distribution était élevé.

Il s'agit néanmoins de la deuxième baisse de la distribution en moins d'un an.

Pour l'exercice, la perte nette de Cominar s'est chiffrée à 391,7 millions, par rapport à un profit net de 241,7 millions pendant l'exercice précédent. Les produits d'exploitation ont reculé de 3,63 %, à 835,4 millions.

À la Bourse de Toronto, le titre du gestionnaire immobilier a retraité de 5,16 %, ou 71 cents, pour clôturer à 13,05 $.