Une travailleuse à pourboire dans la restauration vient d'obtenir gain de cause contre son syndicat, qui devra l'indemniser pour sa perte de salaire et ses frais de déplacement, en plus de payer l'avocat pour la représenter dans le cadre d'une réclamation qu'elle désire faire contre son employeur.

À titre de serveuse au service des banquets au Château M.T. Fairmont Tremblant, la travailleuse, Sophie Charbonneau, touchait le taux du salaire minimum pour les salariés à pourboire, soit 9,20 $ à l'époque.

À l'automne 2016, elle avait été appelée à participer à des activités de formation et à des réunions, à la demande de son employeur. Comme elle ne touchait alors pas de pourboire, elle avait réclamé le taux général du salaire minimum, soit 10,75 $ l'heure à l'époque. L'employeur avait refusé de le lui verser.

Le syndicat Unifor avait alors déposé un grief, mais, peu de temps après, l'avait retiré. Il avait répondu à la travailleuse qu'après s'être informé auprès du représentant national d'Unifor, qui a fait des recherches, il estimait que «la loi n'était pas assez claire» à ce sujet et qu'elle «laissait trop de place à interprétation».

Mme Charbonneau avait donc déposé une plainte contre son syndicat, affirmant qu'il avait manqué à son devoir de juste représentation.

Lors de l'audience, le procureur du syndicat avait expliqué que celui-ci n'avait pas agi de mauvaise foi ni de manière arbitraire, qu'il avait «tout au plus fait une erreur d'interprétation de la législation applicable lorsqu'il a décidé de retirer ce grief».

Mais le Tribunal administratif du travail a donné raison à la travailleuse.

Il a ordonné au syndicat de soumettre la réclamation de la travailleuse à un arbitre et de nommer à ses frais un procureur pour la représenter.

De plus, il a ordonné au syndicat de l'indemniser pour sa perte de salaire et ses frais de déplacement encourus pour la tenue de l'audience de sa plainte, soit une somme de 700 $ - 300 $ pour la perte de salaire et 400 $ pour le déplacement. La cause avait été entendue par le juge administratif Dominic Fiset, de la région de l'Abitibi-Témiscamingue.

«La perte salariale subie et les frais de déplacement assumés par Mme Charbonneau constituent une suite immédiate et directe de l'agissement arbitraire du syndicat à son endroit», a écrit le juge administratif Fiset.