Dans la foulée du recul de 13 % de l'action de la Banque Laurentienne, depuis la fin du mois d'avril, en lien avec les préoccupations suscitées par le marché hypothécaire alternatif, le PDG de la Banque Laurentienne a tenté, hier, de rassurer les investisseurs.

Le repli du titre de la banque a commencé le 26 avril lorsqu'une crise de confiance et de liquidités a frappé le prêteur alternatif ontarien Home Capital et lui a fait perdre, en une séance, 65 % de sa valeur boursière.

Tout comme Home Capital, la Laurentienne offre des solutions hypothécaires résidentielles non traditionnelles, c'est-à-dire des prêts à des gens qui ne peuvent fournir de preuves de revenus standards et qui ne se qualifient donc pas auprès d'une grande banque.

Certains investisseurs craignent qu'à l'instar de Home Capital, la Laurentienne éprouve des ennuis à financer ses prêts qui se font notamment à l'aide de fonds obtenus auprès de courtiers et de conseillers indépendants qui lui confient l'argent de clients.

« Je veux être bien clair, a dit le grand patron de la Laurentienne, François Desjardins. Aucune perturbation au niveau du financement n'a été observée, autant par la Banque Laurentienne que [par sa filiale] B2B Banque durant la turbulence récemment observée sur le marché. »

Si la Laurentienne devait offrir des intérêts plus élevés pour attirer des dépôts, sa rentabilité pourrait en souffrir. Une partie importante des dépôts de la banque provient de son propre réseau de succursales, mais les dépôts obtenus auprès de courtiers et de conseillers indépendants demeurent une composante importante et stable du financement de la banque (environ 40 %).

Les taux d'intérêt des certificats de placement garantis de la Laurentienne se comparent encore à ceux des grandes banques et n'ont pas augmenté comme chez Home Capital.

Définition du prêt « alternatif »

François Desjardins s'est aussi attardé à la définition que font les gens du prêt « alternatif » (ALT-A). « Le terme est aujourd'hui utilisé pour caractériser tout ce qui n'est pas traditionnel, alors que notre définition de ce type de prêts hypothécaires est quasi de premier ordre. »

Le PDG a précisé que le client à qui la banque accorde un prêt « alternatif » a un bon profil de crédit, une bonne cote de crédit et un comportement qui ressemble à celui d'un emprunteur de premier ordre. « Mais parce qu'il est travailleur autonome ou nouvel immigrant, il faut un peu plus de travail pour compléter le dossier. » En retour, ajoute François Desjardins, la banque touche une prime.

La direction a précisé que les prêts hypothécaires de type ALT-A représentent moins de 7 % du portefeuille global de prêts hypothécaires de 17,5 milliards et moins de 4 % du portefeuille global de prêts de 34,2 milliards.

«La Banque n'est pas un intervenant du marché des prêts hypothécaires à risque [subprime]», a assuré François Desjardins pour faire comprendre que la banque cible le segment haut de gamme du marché ALT-A.

La Laurentienne a environ 3,7 milliards de dollars de prêts hypothécaires dans la région du Grand Toronto et quelque 600 millions dans la grande région de Vancouver, deux zones géographiques où le prix des maisons a fortement augmenté.

Intertitre : Une acquisition de 350 millions

Les dirigeants de la banque ont par ailleurs révélé que le prix payé pour acheter l'entreprise américaine Northpoint Commercial - un prêteur actif dans le financement d'équipement (remorques, tracteurs, véhicules récréatifs, etc.) - s'élève à environ 350 millions.

Le prix n'avait pas été précisé lors de l'annonce de cette percée aux États-Unis, il y a deux semaines.

La banque a par ailleurs fusionné 33 succursales en avril dans le cadre de son plan de transformation, et 7 autres doivent être fusionnées le mois prochain. Et quelque 23 succursales n'offrent plus que des conseils depuis le début du mois dernier.

Résultats financiers

Pour son deuxième trimestre, la Laurentienne a dégagé une rentabilité supérieure aux prévisions du marché.

Le bénéfice par action ajusté atteint 1,39 $, en baisse de 5 % sur un an. Les analystes s'attendaient à 1,37 $.

Tel qu'attendu, le dividende trimestriel est bonifié de 2 %, à 62 cents par action.