L'embellie revient doucement dans le secteur pétrolier: ExxonMobil et Chevron ont annoncé vendredi leurs meilleurs bénéfices trimestriels depuis 2015, grâce au redressement du prix du baril de brut et des économies continues.

ExxonMobil a dégagé un bénéfice net de 4,01 milliards de dollars, en hausse de 121,5% sur un an, tandis que Chevron est redevenu rentable après une perte nette de 725 millions au premier trimestre 2016. Le groupe californien a gagné 2,68 milliards de dollars.

Après deux ans de baisse, l'activité a également retrouvé des couleurs: le chiffre d'affaires d'Exxon a augmenté de 30%, à 63,3 milliards de dollars, et de 36,6%, à 31,52 milliards chez Chevron.

Ce tableau d'ensemble positif est dans la droite ligne des signaux envoyés la veille par le grand rival français Total, dont le bénéfice net trimestriel a flambé de 77%, à 2,84 milliards de dollars ,pour un chiffre d'affaires de 41,18 milliards, en hausse de 25,4%. Les groupes britanniques Shell et BP n'ont pas encore publié leurs résultats.

ExxonMobil et Chevron ont attribué leur renaissance au rebond des prix du pétrole, qui se sont échangés en moyenne autour des 50 dollars lors des trois premiers mois de l'année, contre un peu plus de 30 dollars à la même période en 2016. Ce rétablissement partiel des cours est dû à un accord trouvé en début d'année entre les pays membres de l'OPEP et 11 pays producteurs d'hydrocarbures de réduire leur production «Nos résultats reflètent une hausse des prix des matières premières et la priorité mise sur la maitrise des coûts et une efficacité opérationnelle», a souligné Darren Woods, le PDG d'ExxonMobil.

Prudence

Le redressement est sensible dans les activités de production et d'exploration pétrolière, vache à lait des majors mais devenues déficitaires en raison de l'effondrement de l'activité pétrolière aux États-Unis et des dépréciations d'actifs, consécutifs à la chute des prix du brut à partir du printemps 2014.

Lors du premier trimestre, ces activités ont généré un bénéfice de 2,3 milliards de dollars chez Exxon, et de 1,52 milliard de dollars chez Chevron. Il y a un an, elles étaient en perte de 76 millions de dollars chez le premier et de 1,46 milliard pour le second.

Outre les prix, le secteur récolte également les fruits des multiples réductions de coûts et de voilure dans les investissements engagées depuis deux ans pour préserver la rentabilité.

L'enveloppe affectée au développement des activités de forage, de plateformes, de terminaux et de gisements pétroliers et gaziers a plongé de 18,7% à fin mars chez Exxon, tandis que Chevron a diminué d'environ 14% ses dépenses opérationnelles.

«Nous continuons de faire des progrès pour ce qui est de réduire nos dépenses», souligne John Watson, PDG de Chevron.

À Wall Street, le titre Chevron gagnait 0,76% à 106,27 dollars vers 15H50 GMT, tandis que l'action Exxon prenait 0,78% à 81,89 dollars.

Selon les analystes, le retour aux bénéfices faramineux ne sera pas toutefois pour tout de suite, les prix du baril de brut risquant d'osciller longtemps autour des 50 dollars, loin du seuil de 100 dollars auquel ils évoluaient jusqu'au printemps 2014.

Une des raisons de cette prudence est l'accélération de l'activité de forage du pétrole et gaz de schiste aux États-Unis. Le nombre de puits pétroliers en activité dans le pays a plus que doublé à 688 au 21 avril dernier comparé à la même période en 2016, selon un décompte de la société de services pétroliers Baker Hughes.

Cela laisse suggérer une hausse de la production d'hydrocarbures américaine qui viendrait entraver une hausse des prix. La production d'ExxonMobil et Chevron devrait donc augmenter dans les prochains mois, du fait des investissements dans des zones riches en hydrocarbures comme le bassin permien (sud des États-Unis).

Elle était à 4,2 millions de barils équivalent pétrole par jour chez Exxon à fin mars, et à 2,68 mbj pour Chevron.