Le Groupe Jean Coutu espère que le gouvernement Couillard, qui vient de s'entendre avec les pharmaciens propriétaires, sera maintenant capable de faire de même avec les fabricants de médicaments.

Si la chaîne de pharmacies ne s'oppose pas à la volonté de Québec de réduire le prix de certains médicaments génériques, elle souhaite que cet objectif soit atteint sans la mise en place d'appels d'offres.

«C'est toujours pour le mieux lorsque l'on s'entend avec les joueurs de l'industrie», a commenté le président et chef de la direction de Jean Coutu, François Coutu, jeudi, au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du quatrième trimestre.

Le gouvernement Couillard a récemment conclu une entente avec l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) pour mettre fin aux prélèvements sur leurs honoraires jusqu'en 2019 en plus de rétablir à 15 pour cent la limite du taux des allocations professionnelles que peuvent verser les fabricants de médicaments génériques.

Même si les négociations se poursuivent avec les fabricants de médicaments, Québec a mis en place une loi lui permettant de lancer depuis la semaine dernière des appels d'offres.

Groupe Jean Coutu croit que le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, semble plus ouvert à conclure une entente avec les joueurs de l'industrie.

«Il comprend mieux la dynamique de notre secteur, a dit le premier vice-président aux finances et affaires corporatives, André Belzile. Je crois qu'il veut conclure une entente. Mais je ne suis pas dans ses souliers.»

Par courriel, une porte-parole du ministre Barrette n'a pas voulu dire si des appels d'offres pourraient être mis de l'avant prochainement.

Les fabricants de médicaments comme Pro Doc - qui appartient à Jean Coutu - craignent une érosion de leurs profits si d'autres distributeurs sont en mesure de décrocher des contrats exclusifs d'approvisionnement.

Par ailleurs, Jean Coutu a vu ses profits nets reculer au quatrième trimestre en raison d'une contribution moins élevée qu'à l'habitude de Pro Doc étant donné qu'à ce moment, les allocations professionnelles avaient été déplafonnées.

Pour la période de trois mois terminée le 4 mars, l'entreprise québécoise a engrangé 47,8 millions de dollars, ou 26 cents par action, en baisse de sept pour cent par rapport à la même période l'an dernier.

Les dépenses entourant le déménagement de son siège social et de son centre de distribution à Varennes, en banlieue sud de Montréal, ont également pesé sur les profits.

De leur côté, les revenus ont affiché une progression de 11,7%, à 789 millions. Le quatrième trimestre comptait une semaine supplémentaire cette année.

La croissance des ventes d'établissements ouverts depuis au moins un an a été de quatre pour cent. La section commerciale a affiché une meilleure performance que la section pharmaceutique.

Cette performance trimestrielle s'est avérée conforme aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un profit par action de 26 cents et sur un chiffre d'affaires de 768 millions.

Les investisseurs ont réagi favorablement, puisqu'à la Bourse de Toronto, le titre de Jean Coutu s'est temporairement transigé à son sommet des 52 dernières semaines. En après-midi, l'action valait 23,27$, en hausse de 5,25%, ou 1,16$.

«Nous estimons qu'il y a des signes avant-coureurs qui suggèrent que l'incertitude entourant les changements réglementaires (du gouvernement québécois) devrait s'être dissipée d'ici la fin de l'année civile», a souligné l'analyste Keith Howlett, de Desjardins Marchés des capitaux.

Pour l'exercice, Jean Coutu a généré des profits de 199,5 millions, ou 1,08$ par action, ainsi que des recettes de 2,7 milliards. En 2016, l'entreprise avait engrangé 213,7 millions, ou 1,14$ par action, en plus d'afficher des recettes de 2,57 milliards.