Coca-Cola a douché jeudi les attentes de Wall Street en avertissant que ses bénéfices allaient décliner cette année, un recul qui pourrait en outre s'étendre jusqu'en 2018.

Le titre reculait de 1,94% à 41,21 dollars jeudi matin, investisseurs et analystes s'interrogeant sur la relance du géant des boissons non-alcoolisées qui doit faire face non seulement au dollar fort mais aussi à une désaffection des consommateurs.

Le groupe d'Atlanta a dit tabler en 2017 sur une baisse de 1 à 4% sur un an de son bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du nord. Celui-ci devrait ressortir ainsi entre 1,83 dollar et 1,89 dollar contre 1,95 dollar attendu par les analystes financiers.

Cette prudence est due à des variations de changes, a expliqué Coca-Cola dont près de 62% des ventes l'an dernier ont été réalisées hors des frontières nord-américaines.

Le dollar fort devrait rester un casse-tête en 2018, année au cours de laquelle le producteur de Coca et de Fanta pourrait en outre inscrire dans ses comptes des charges liées à des désinvestissements, a-t-il prévenu.

«Ces prévisions sont clairement décevantes», estime la banque Jefferies, faisant part de ses doutes sur une capacité du groupe à renouer avec le seuil symbolique de 2 dollars de bénéfice par action ajusté.

Coca-Cola, dont le nouveau PDG James Quincey prendra ses fonctions le 1er mai, a pourtant multiplié les initiatives pour se relancer.

Il a en cours un plan de restructuration visant à céder la plupart de ses activités d'embouteillage afin d'économiser 3 milliards de dollars d'ici 2020 pour se recentrer sur la seule vente lucrative des sirops aux entreprises qui produisent, embouteillent et écoulent les boissons.

Solide année 2016

Le groupe a indiqué jeudi être en avance sur ce calendrier car il prévoit de boucler les cessions d'ici la fin de l'année.

Coca-Cola joue également sur le format et propose depuis quelque temps des mini-canettes de 15 centilitres.

Le groupe développe en parallèle son portefeuille de boissons non sucrées pour répondre aux besoins des consommateurs, associant boissons gazeuses sucrées à l'obésité et au diabète.

Si elle juge que certaines des mesures - cessions des activités d'embouteillages - ont le «potentiel» pour doper le résultat d'exploitation, la banque Deutsche Bank estime que ce ne sera pas suffisant pour séduire les investisseurs d'acheter les titres Coca-Cola en Bourse.

Lors de l'année écoulée, le producteur de sodas a enregistré une baisse de son bénéfice net de 11,2% à 6,53 milliards de dollars, dont 550 millions au quatrième trimestre.

Ces résultats se sont traduits par un bénéfice par action ajusté de 1,96 dollar pour l'année et de 0,37 dollar pour le quatrième trimestre. Les marchés anticipaient respectivement 1,91 dollar et 0,37 dollar.

Malgré des hausses de prix dans différents marchés pour neutraliser la dévaluation de monnaies locales, le chiffre d'affaires 2016 est ressorti à 41,86 milliards de dollars, en baisse de 5,5% sur un an, et à 9,41 milliards sur les trois derniers mois, en recul de 5,91%. C'est toutefois mieux que les 41,67 milliards et 9,13 milliards escomptés par les marchés.

À périmètre et à effets de change constants les revenus ont augmenté de 3% sur l'année et de 6% au dernier trimestre.

Les volumes de ventes n'ont pour leur part progressé que de 1% lors de l'année écoulée, grâce aux thés, eaux et autres boissons alors que la demande pour les sodas stagne. Au quatrième trimestre, ces volumes ont diminué de 1%.

Les ventes annuelles ont été solides en Amérique du Nord (+4% à 10,21 milliards de dollars) et en Asie-Pacifique (+1% à 5,29 milliards), alors qu'elles ont diminué de 4% à 7,28 milliards de dollars dans la région Europe/Moyen-Orient/Afrique et de 6% à 3,82 milliards en Amérique latine. Dans cette dernière région, Coca-Cola explique y faire face à une forte inflation, conséquence de la dévaluation de monnaies locales.